15 mars 2022
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Xavier Boissel, « George Orwell et le roman noir - un rendez-vous manqué », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.m0z0bt
George Orwell a consacré trois articles au roman policier, une recension en 1936 d’À tombeau ouvert, le roman de Paul Cain, ainsi que deux textes : une longue étude du roman de James Hadley Chase, Pas d’orchidées pour Miss Blandish en 1944, et la même année, un texte plus court dans une revue française. Orwell n’a que peu fréquenté ce genre littéraire et ces trois articles restent marginaux dans ses écrits. Ils font néanmoins sens dans la façon dont il l’appréhende, identifiant la métamorphose du roman à énigme en « crime stories » qui plongent les lecteurs dans une atmosphère où règnent violence et cynisme, un climat propice au fascisme. En pensant ainsi le phénomène dans son historicité et dans sa réception, Orwell rejoint le geste critique de certains auteurs allemands qui se sont intéressés au genre, tels que Siegfried Kracauer ou Theodor W. Adorno. Pour autant, si Orwell porte un regard sévère sur le genre, des liens peuvent s’établir avec ses écrits documentaires ou fictionnels, dans la volonté notamment d’écrire depuis le point de vue des proscrits de l’Histoire et dans sa manière d’être un témoin désillusionné de son temps. En ce sens, la rencontre entre George Orwell et le roman noir fut un rendez-vous manqué.