1994
Cairn
Daniel C. Hallin et al., « Rencontres au sommet : vers une sphère publique internationale ? : Les sommets Reagan-Gorbatchev », Hermès, La Revue, ID : 10670/1.m19n0z
Les nouvelles formes de diplomatie télévisée que représentent les rencontres au sommet, comme celles qui réunirent Ronald Reagan et Mickhaïl Gorbatchev, en 1985 à Genève, en 1987 à Washington, en 1988 à Moscou, peuvent se lire dans plusieurs perspectives. L’une renvoie au paradigme des cérémonies télévisées qui se construit sur une théorie durkheimienne de l’intégration en faisant appel à l’anthropologie du rituel de Victor Turner. L’autre renvoie aux recherches sur la constitution de la sphère publique et notamment à des formulations inspirées par Habermas. Présentant l’une et l’autre perspective, cet article, en insistant sur la seconde, pose la question de savoir si, à travers de tels événements, on assiste véritablement à l’émergence d’une sphère publique internationale.La réponse est négative car, si l’on en juge par ce premier niveau de réception que constitue la couverture de l’événement par un certain nombre de télévisions nationales (italienne, russe, américaine), deux constatations s’imposent : 1) Le compte rendu de l’événement est toujours offert dans une perspective propre à chacun des espaces publics nationaux ; 2) A l’intérieur de ceux-ci, le discours étatiste constitue invariablement une référence privilégiée par rapport au discours civil. Si la perspective durkheimienne permet de décrire l’ambition universaliste de l’événement, il faut alors tenir compte des versions particularisées qui s’en donnent dans les différents espaces publics.