Innovation dans les friches, innovation en friche ? Réflexion sur les limites de l'exploitation touristique de l'abandon en contexte de décroissance à partir du cas de Détroit (États-Unis)

Résumé En Fr

This paper analyses the limits of innovation in the context of urban decline, based on the case of tourism on wastelands in Detroit (USA) between 2011 and 2019. This abandonment tourism is both an urban innovation (through the reallocation of wastelands) and a tourism innovation (through the valorisation of depreciated spaces) carried out by a private service provider. Despite development opportunities, this activity disappeared without having given rise to forms of collective appropriation and dissemination likely to make it a more sustainable management and exploitation tool for urban landscapes of decline. This observation leads me to analyse the explanatory factors, which have to do with the informal nature of tourist exploitation and its difficult integration in the local stakeholders’ games. Since abandonment tourism does not correspond to the neo-liberal redevelopment strategies of institutional actors, nor to the emancipation demands of local communities, it ultimately proves to be an innovation ultimately proves to be an innovation that is unable to be integrated into territorial learning processes.

Cette communication propose une analyse des limites de l'innovation en contexte de décroissance urbaine à partir du cas de l'exploitation touristique des friches à Détroit (États-Unis) entre 2011 et 2019. Ce tourisme de l'abandon constitue une innovation à la fois urbaine (par la réaffectation des friches) et touristique (par la valorisation d'espaces dépréciés) portée par un prestataire privé. Malgré des perspectives de développement, cette activité disparaît sans avoir donné lieu à des formes d'appropriation collective et de diffusion susceptibles d'en faire un outil de gestion et d'exploitation plus pérenne des paysages de la décroissance. Ce constat m'amène à en analyser les facteurs explicatifs qui tiennent au caractère informel de l'exploitation touristique et à sa difficile insertion dans les jeux d'acteurs locaux. Ne correspondant ni aux stratégies de redéveloppement néolibéral des acteurs institutionnels, ni à l'exigence d'émancipation des communautés locales, le tourisme de l'abandon s'avère finalement être une innovation inapte à s'intégrer aux processus d'apprentissage territorial.