La représentation de la ville au cinéma : mimesis, utopie ou hétérotopie ?

Résumé Fr

Dans son texte « Des espaces autres », Michel Foucault présente, comme en passant, le cinéma comme une possible hétérotopie. Ainsi, en présentant son troisième principe – qui veut que l’hétérotopie juxtapose en un seul lieu plusieurs espaces incompatibles –, il donne cet exemple : « [...] c’est ainsi que le cinéma est une très curieuse salle rectangulaire, au fond de laquelle, sur un écran à deux dimensions, on voit se projeter un espace à trois dimensions [...]. » Alors même que Foucault passe très vite sur cet exemple, il semble que celui-ci soit éminemment problématique. Ce qui caractériserait, pour Foucault, le cinéma comme hétérotopie, ce serait sa propension à articuler trois espaces : l’espace de la salle, l’espace en deux dimensions de l’écran et l’espace en trois dimensions qui se reflète sur l’écran (c’est-à-dire l’espace où se passe l’histoire). Cet espace en trois dimensions (l’espace diégétique) qui se projette sur un écran plat, lui, ne fait pas l’objet d’un traitement spécifique par Foucault.Pourtant, si on s’intéresse à cet espace du film plutôt qu’à la salle de cinéma dans sa complexité, il semble qu’on puisse faire une typologie des espaces cinématographiques en fonction du rapport que ceux-ci entretiennent aux espaces réels. Nous voudrions donc faire une analyse des espaces filmiques à l’aune de leur relation avec les emplacements réels. Nous nous proposons donc, dans cette communication, de mobiliser une analyse hétérotopologique, pour penser, non pas la salle de cinéma, mais l’espace filmique. L’enjeu est ainsi de sortir d’une grille analytique qui opposerait des lieux imaginaires et des lieux réalistes, pour montrer que le traitement de l’espace au cinéma transforme fondamentalement l’espace réel, pour produire une hétérotopie.