Des professionnels dans l'intérim : les infirmiers diplômés d'Etat

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Cet article se concentre sur l'intérim infirmier, phénomène marginal pour le groupe dans son ensemble mais étape souvent empruntée dans la carrière infirmière. Il s'appuie sur des entretiens avec des personnels concernés par l'intérim à un moment ou à un autre de leur parcours, et une enquête auprès de services utilisateurs de ce type de main-d'œuvre. Loin de la norme d'exercice sur ces marchés professionnels, en situation tendue, l'exercice intermittent reste certes marginal, mais n'en est pas moins vécu comme " normal " à certaines étapes d'une carrière, ou comme nécessaire du point de vue de l'organisation du travail dans certains établissements. On s'intéresse donc aux conditions qui rendent ce mode d'exercice possible et aux manières de s'en accommoder pour des professionnels dont la norme d'exercice est aussi celle d'une implication forte dans le métier. L'intérim de ces professionnels ne suit ni ne précède le chômage et ne contraint pas au déclassement. Et en ce sens, il n'apparaît pas comme relevant de la précarisation de la condition laborieuse, pas plus que les CDD ou a fortiori que l'exercice en pools qui, du point de vue de l'établissement, ont le même usage. En revanche, l'orientation des infirmières vers ce mode d'exercice témoigne autant de choix individuels en faveur d'une maîtrise de leur temps, de leurs activités, de leurs conditions de vie, que des contraintes dans tous ces domaines qui pèsent sur l'infirmière " ordinaire ". L'intérim ne doit ainsi être pensé que comme l'une des formes atypiques d'exercice professionnel, caractérisées par l'intermittence (discontinuité/irrégularité du cycle travail/non-travail, et multiplication de contrats de travail et de lieux d'exercice) permettant de fuir la condition ordinaire de ces professions de santé.

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