Migrations de travail, globalisation et politique.Les Zones industrielles qualifiantes(QIZ) de Jordanie.

Résumé En Fr

GLOBALISATION, INTERNATIONAL MIGRATION AND POLITICS: THE CASE OF QUALIFYING INDUSTRIAL ZONES (QIZS) IN JORDAN.Studies have illustrated the interdependence between migration movements and the far-reaching politico-economic revolution experienced nowadays by most developing countries: a switch from an unproductive to a privatised and liberalised economy, the opening of capital and attraction of FDIs as well as the introduction of productive, export-led and labour-intensive activities, that of the manufacturing industry and, especially, that of the textile and garment sector, for instance. In the context of post-1999' QIZ compounds in Jordan, we show that the implementation of these economic measures, as well as of the political choices underlying them, quasi-structurally depend on the attraction of Asian immigrant manpower. This process allows for Jordan's anchorage into a "de-territorialised" worldwide network of trade, subcontracting as well as manpower import and export, and for the quick implementation of drastic economic measures of liberalisation. However, the Jordanian population, though it suffers from high unemployment rates, does not benefit from the economic and employment reform process, a situation which illustrates the notion of "liberal paradox". Moreover, these reforms avoid the political sphere, as this new class of workers enjoys neither political nor social rights. The "mobility of labour and capital" thus crystallises, on the Jordanian ground, all the political stakes of shifting from a rent-based to a productive economic system, even though it proved one of the instruments of the transition process.

Des travaux ont illustré l'interdépendance entre les mouvements migratoires et la profonde révolution politico-économique vécue de nos jours par la plupart des Etats en développement : le passage d'une économie non-productive à un système libéral, privatisé, attirant les Investissements étrangers directs et favorisant la mise en place de structures de production tournées vers l'exportation et pourvoyeuses d'emplois, dont l'industrie manufacturière du textile et de l'habillement constitue un exemple. Dans le contexte de la Jordanie de l'après-1999, on montre ici, à travers l'exemple des QIZ, que la mise en œuvre de ces mesures mais surtout le succès des stratégies politiques y étant associées dépendent quasi-structurellement d'un recours à une main-d'œuvre immigrée asiatique. Ce processus permet l'ancrage de la Jordanie dans un réseau "déterritorialisé" d'échange de biens et de personnes, de même que l'application rapide de mesures de libéralisation drastiques. Pourtant, il s'effectue sans la participation de la population jordanienne, qui souffre de taux de chômage élevés, un exemple de "paradoxe libéral". Les réformes évitent aussi la sphère du politique, cette nouvelle classe de travailleurs ne jouissant d'aucun droit politique et social. La "mobilité du travail et du capital" apparaît donc sur ce terrain comme le catalyseur de tous les enjeux politiques du passage d'un système économique rentier à un système productif, mais aussi comme l'un des instruments privilégiés de cette transition.

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