2006
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Françoise de Bel-Air et al., « Migrations de travail, globalisation et politique.Les Zones industrielles qualifiantes(QIZ) de Jordanie. », HAL-SHS : sciences politiques, ID : 10670/1.m60oif
Des travaux ont illustré l'interdépendance entre les mouvements migratoires et la profonde révolution politico-économique vécue de nos jours par la plupart des Etats en développement : le passage d'une économie non-productive à un système libéral, privatisé, attirant les Investissements étrangers directs et favorisant la mise en place de structures de production tournées vers l'exportation et pourvoyeuses d'emplois, dont l'industrie manufacturière du textile et de l'habillement constitue un exemple. Dans le contexte de la Jordanie de l'après-1999, on montre ici, à travers l'exemple des QIZ, que la mise en œuvre de ces mesures mais surtout le succès des stratégies politiques y étant associées dépendent quasi-structurellement d'un recours à une main-d'œuvre immigrée asiatique. Ce processus permet l'ancrage de la Jordanie dans un réseau "déterritorialisé" d'échange de biens et de personnes, de même que l'application rapide de mesures de libéralisation drastiques. Pourtant, il s'effectue sans la participation de la population jordanienne, qui souffre de taux de chômage élevés, un exemple de "paradoxe libéral". Les réformes évitent aussi la sphère du politique, cette nouvelle classe de travailleurs ne jouissant d'aucun droit politique et social. La "mobilité du travail et du capital" apparaît donc sur ce terrain comme le catalyseur de tous les enjeux politiques du passage d'un système économique rentier à un système productif, mais aussi comme l'un des instruments privilégiés de cette transition.