Quelques remarques sur la question de l'autoérotisme et de l'autisme dans l'œuvre de Frances Tustin

Résumé Fr En

Nous partons des tout derniers textes de Frances Tustin où elle reconnaissait explicitement l’erreur qu’a constituée l’hypothèse d’un stade d’ Autisme Primaire Normal pour tenter de mettre en évidence, autour de la question des racines fœtales de l’autisme, la dimension pulsionnelle dans son développement et dans l’inscription d’un Autre ; ainsi que la place particulière que l’autoérotisme dénué d’altérité entretient avec les phénomènes autistiques. En étudiant les processus sensoriels de la vie intra-utérine, ainsi que leur disparition, leur perte inaugurale au moment de la naissance, dont Jacques Lacan nous disait qu’il faut y voir la source de tous les désirs en remplaçant l’organe perdu par un faux organe, la libido, on se rend compte à quel point le défaut d’inscription d’un Autre dans le circuit pulsionnel laisse celui-ci dénué de toute attache, et que l’émission même de ce flux énergétique devient à la fois terreur et paralysie dans le devenir autistique. Dans le ratage de cet enchaînement disparition/libido/pulsion, qui nécessite un accordage rythmo-tactile avec l’émergence d’un Autre, peut alors être supposé un retrait de nature autosensuelle s’opposant à l’altérité des balancements érotisme-autoérotisme. C’est ce qui donne toute sa force à la proposition de Bleuler : l’autisme c’est l’autoérotisme sans Eros.

We start off from the latest writings of Frances Tustin where she explicitly recognised the error the hypothesis of a stage of Normal Primary Autism constituted to attempt, around the question of fœtal roots of autism, to highlight the pulsional dimension in its development and in the inscription of an Other, as well as the special place that autoerotism stripped of alterity maintains with autistic phenomena. By studying sensorial processes in intra-uterine life as well as their disappearance, their inaugural loss on birth (for which Jacques Lacan told us that we needed to see the source of all desires by replacing the lost organ by a false organ, the libido), we realise to what extent the failure to inscribe an Other in the pulsional circuit leaves the latter stripped of any attachment, and that the very emission of this energy flow becomes both terror and paralysis in autistic fate. In the failure of this disappearance/libido/drive sequencing that requires a rhythmic-tactile tuning with the emergence of an Other, we can imply a withdrawal of self-sensual nature opposing the alterity of erotism-autoerotism switching. This is what gives strength to Bleuler’s proposal : autism is autoerotism without Eros.