22 janvier 2024
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Véronique Dasen, « La royauté de l’enfant », Presses universitaires de Liège, ID : 10670/1.m91b5h
Cet article présente une lecture du fragment 52 D.-K. dans la perspective de la philosophie du ludique en interrogeant ce que la figure de l’infant qui joue nous apprend sur la pratique philosophique d’Héraclite et l’essence « ludique » de son kosmos. Je soutiens que certains aspects de l’interprétation phénoménologique du jeu de l’œuvre d’Eugen Fink, principalement dans Le jeu comme symbole du monde, offrent une clef de lecture pour déchiffrer l’emphase héraclitéenne sur la matérialité et la finitude du corps de l’enfant qui joue. Selon Fink, le phénomène du jeu, omniprésent dans toutes sociétés humaines, nous fournit une méthode pour penser la relation entre l’individu, défini et particulier, et la totalité du monde. Sa réflexion sur 52 D.-K., fragment dans lequel Héraclite traite le temps — αἰών — comme synonyme du feu éternel — πῦρ, ignore toutefois le fait que le joueur n’est pas un adulte, mais un enfant. Héraclite accorde davantage d’importance à l’analyse phénoménologique du jeu mettant l’accent sur le corps des enfants. Un réseau étroit liant finitude, royauté et jeu, est centré sur les enfants — présence constante et énigmatique des fragments. Au-delà de la royauté de l’enfant célébrée dans 52 D.-K., nous nous trouvons face à l’enfant vulnérable au passage du temps et comme tel intimement lié à la mort et au devenir incontournable de la vie, comme dans 20 D.-K.