Figure du dieu grec chez Hegel et Walter F. Otto

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Afin d’éclairer ce que Hegel entend précisément par la notion de Gestalt (figure) et d’en saisir le sens proprement phénoménologique, nous nous sommes proposé un détour par la philologie de Walter F. Otto. Celle-ci fait un usage central de cette notion, qu’elle emprunte indubitablement à la pensée hégélienne : dans les Leçons sur la philosophie de la religion, le dieu grec est en effet décrit, de même que chez Otto, comme étant essentiellement figure. En nous interrogeant, à travers Otto, en cela l’élève de Hegel, sur une telle détermination de la conscience grecque du divin, c’est l’essence même du phénoménologique qui apparaît, à savoir le règne d’un regard qui fixe et organise ce qui se donne immédiatement à la sensation, qui le met à distance et le délimite en autant de « figures » ( Gestalten). Ne perdant jamais sa dimension sensible, dont il dépasse néanmoins l’immédiateté en tant qu’il résulte de l’écart entre l’objet et le sujet, le phénoménologique est ainsi ce qui est proprement grec et demeure tel au sein du processus négatif qui emporte chaque figure dès qu’elle est posée. Par où l’on espère montrer que ce qui était initialement annoncé comme détour, à savoir la compréhension grecque du divin telle que Hegel et Otto l’ont solidairement conçue, pourrait s’avérer être l’une des voies les plus directes pour saisir la portée de la notion hégélienne de Gestalt.

So as to clarify the meaning of the concept of Gestalt (figure) in Hegel’s philosophy and so as to show its phenomenological dimension, we look into Walter F. Otto’s philology. Otto makes indeed a significant use of this concept which he obviously borrows from Hegel: indeed, the essence of the Greek god is described in the Lectures on the Philosophy of religion, as well as in Otto’s writings, as being the “figure”. Wondering about the conception of the Greek consciousness of divinity developed by Hegel and Otto thus makes appear the essence of phenomenology, that is the pre-eminence of a look which fixes and organizes what immediately presents itself to the sensation, which keeps it at a distance and which delimits it in a plurality of figures ( Gestalten). The phenomenological dimension never loses its link to sensation, while it abolishes its immediacy: it is therefore what remains specifically Greek through the negative process which sweeps every figure along as soon as they appear. We would like to show that the detour via Hegel and Otto’s shared conception of the Greek consciousness of divinity is indeed one of the most direct ways to understand the meaning of the concept of Gestalt in Hegel’s philosophy.