14 décembre 2005
info:eu-repo/semantics/OpenAccess
Christine Kiehl, « Le corps dans le théâtre de la catastrophe de Howard Barker », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.mb21a7
S'affichant comme un " classique contemporain ", Howard Barker reste une voix marginale dans le théâtre anglais. Contre la tradition anglaise de réalisme social et la tendance-nihiliste du mouvement " In-Yer-Face)), le " théâtre de la Catastrophe " propose une nouvelle esthétique de la barbarie. L'univers dramatique exploite la puissance suggestive du paradigme charnel tout en résistant à la nouvelle doxa du corps omniprésent dans la société et les arts vivants. Déjouant l'attente d'un public en quête de message, l'auteur transgresse les limites de l'intimité, exhibant le toument viscéral de la passion en dehors de tout jugement de valeur moral. La vision chaotique du corps souffrant dans le monde post-éthique de l'après-Shoah est mise en abîme dans le bouleversement formel des pièces. Après l'état des lieux du corps mutilé, l'analyse s'attache à l'anatomie envisagée à la fois comme transgression de la chair intime et comme quête épistémologique et ontologique de l'être. La compulsion de voir l'intérieur du corps humain inscrit le regard dans une réflexion métathéâtrale sur le spectateur, soulevant la question éthique de l'Esthétique visuelle. Le passage du texte à la scène est pris dans une dialectique entre l'exhibition du corps et sa dissimulation, entre la révélation et le secret. La production récente plaide en faveur d'une " dé-monstration " du corps au profit de la voix et du texte mis en tension avec l'image du corps. Comme l'aporie tend vers le silence, l'esthétique transgressive tend vers la sublimation du corps