Which place for the construction of the Maginot Line in the Pays de Bitche ? Quelle place pour les constructions de la Ligne Maginot au Pays de Bitche ? En Fr

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5 juin 2024

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Denis Mathis et al., « Quelle place pour les constructions de la Ligne Maginot au Pays de Bitche ? », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.mcvrpi


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Résumé Fr

Le déploiement de la Ligne Maginot entre 1929 et 1940 dans le territoire de Bitche (secteur fortifié des Vosges) peut être considéré comme l’addition d’une multitude d’ouvrages bétonnés de toutes tailles (plus de 700 pour le secteur), d’observatoires, de dispositifs de mines, de champs d’obstacles divers, d’hydrosystèmes de défense, de lignes ferroviaires, de chambres de coupure, de casernements de sûreté, de cités cadres et surtout de gros ouvrages souterrains qui peuvent être considérés comme des « bâtiments machines de guerre ». L’ensemble de ces constructions constituent un immense aménagement qui devait être complété avec la mobilisation par des fortifications de campagne, des tranchées, des abris multiples. Contrairement au Westwall qui lui faisait face, il n’y a pas eu de réflexion paysagère et d’intégration de la Ligne Maginot au paysage rural dans lequel elle s’inscrit. Marquée en 1940 par les combats de l’opération « Tiger » et en 1944-1945 par les combats de la Libération (1944) et de l’opération « Nordwind » (1944-1945), la Ligne a été restaurée partiellement après la guerre et remise en service jusque dans les années 1960. Les paysages des ouvrages Maginot constituent un fait structurant du paysage du Pays de Bitche. Cependant depuis leur abandon, leur neutralisation et malgré la volonté de l’armée d’en faire un musée à ciel ouvert de la fortification, il faut considérer ces ouvrages comme un « cimetière de bâtiments machines de guerre » dont les monolithes de béton ponctuent le paysage. Les multiples ouvrages sont des délaissés, enruinés, dont les abords sont défrichés par les agriculteurs et les forestiers. Cela dénote une trajectoire patrimoniale individuelle qui répétée par une communauté traduit une lecture collective de cet héritage à entretenir. Cependant pour de nombreuses infrastructures modestes la reconquête végétale spontanée constitue une trajectoire paysagère qui s’inscrit dans le processus de déprise agraire. Ponctuellement certains ouvrages sont effacés, détruits ou enterrés. Néanmoins cette forme d’effacement reste limitée. Elle concerne particulièrement les grands ouvrages souterrains du camp de Bitche, dont il suffit de condamner les entrées. Cette neutralisation ne doit pas faire oublier la présence des nombreuses infrastructures souterraines (plusieurs dizaines de kilomètres de galeries) qui à terme se révéleront, soit lors d’explorations sauvages (urbex), soit par effondrements… Il n’y a pas eu de réelles évaluations environnementales et écologiques des infrastructures militaires au sein du Pays de Bitche. Seuls les hydrosystèmes militarisés ont fait l’objet d’un projet de renaturation partielle. Cependant pour d’autres aménagements similaires en Europe, certaines études ont pu être menées notamment dans les ouvrages bétonnés et les souterrains. Ces derniers abritent d’importantes colonies de chiroptères (34 000 chauves-souris recensées dans les ouvrages de l’Ostwall en Pologne en 2014). Les centaines de kilomètres de linéaires de friches militaires du Westwall ont été réévaluées en terme écologique et environnemental et constituent un corridor dont le Land de Rhénanie-Palatinat cherche à rétablir les continuités…Pour les grands ouvrages du Pays de Bitche (Simserhof et fort Casso) les infrastructures sont entretenues patiemment par les bénévoles des associations et par la Communauté de Communes. Le maintien en état fonctionnel de certaines machines constitue une prouesse remarquable. Toute cette organisation à la pointe de la technologie de l’époque fait des grands ouvrages des « fortifications machines ». C’est en tout point comparable aux grands sites industriels patrimonialisés ou aux musées industriels. La réappropriation du lieu pour le préserver et le rendre visitable s’inscrit dans une démarche patrimoniale dans sa dimension rétrospective. Cependant le choix de faire émerger un tourisme militaire en Moselle et au Pays de Bitche souligne une nouvelle trajectoire prospective. Les héritages de la Ligne Maginot soulignent la difficulté d’appréhender sous ces multiples facettes les grands aménagements aujourd’hui délaissés. Le regard porté sur ces infrastructures, individuellement et collectivement montre qu’il peut s’agir au-delà d’un marqueur fantôme, d’une ressource territoriale, d’une ressource environnementale, d’un délaissé à effacer, d’un risque. La déconstruction de cet immense linéaire se révèle impossible, il faut donc composer avec celle-ci, limiter ces nuisances et valoriser ce qu’elle offre en terme de ressources.

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