L'art de dire l'épaisseur des choses

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2015

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Marie Vayssière et al., « L'art de dire l'épaisseur des choses », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10670/1.meyd1u


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Résumé Fr

La réalisation audiophonique qui accompagne ce numéro interrogeant l'épaisseur du théâtre s'est attachée à des fragments de la Recherche de Marcel Proust. Il nous a paru pertinent de mettre en voix cette langue qui ausculte et sculpte aussi bien l'épaisseur des signes que celle des sensations et dont l'auteur tente de prendre obstinément l'intelligence. Le filet que lance Proust sur les phénomènes est en grande partie tissé par la science de la grammaire dont il fait preuve. Il nous convoque à des architectures subtiles, jouant des propositions principales, subordonnées et relatives, des incidentes et des comparaisons, perdant le sujet de la phrase, l'éloignant du verbe et étourdissant le lecteur de détails qui gagnent de la sorte une importance considérable. Comme les natures mortes de Jean Siméon Chardin, dont Proust a su très bien parler, les choses du monde et les émotions tacites qu'elles génèrent sortent de l'indifférence et de l'endormissement, et sont ainsi rendues à la vie ; elles se mettent de nouveau à palpiter dans le souffle habile de sa ponctuation. Énoncer la langue de Proust oblige à plonger dans un savoir linguistique disparu, à redécouvrir des règles de la langue française abandonnées par l'écriture contemporaine, bien plus sèche, à épouser le tact d'un montage de plusieurs strates de sens au sein d'une seule phrase, à se glisser dans la densité syntaxique des différents plans qui y cohabitent. Épaisseur de la langue donc, mais épaisseur également du profond rapport de Proust au théâtre dont témoignent certaines pages, lesquelles explorent plus particulièrement ses rencontres en tant que spectateur avec l'art de dire de l'acteur. L'apprentissage de l'énonciation des phrases proustiennes s'est donc centré sur l'énigme de l'énonciation actorale elle-même, telle qu'elle tourmente des passages de la Recherche. La réalisation audiophonique confronte ainsi l'auditeur au dire proustien qui questionne l'art de dire sur la scène du théâtre : une sorte de mise en abîme de l'énonciation.

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