« Marcel Schwob : ‘La vie [imaginaire] de Cyril Tourneur, Poète tragique, violemment mise en scène à la manière de Cyril Tourneur’ ».

Résumé Fr

« La Vie de Cyril Tourneur » s’enchâsse dans la série des Vies imaginaires de Marcel Schwob, à la dix-septième place. Dans le titre complet, l’auteur précise quelques paramètres de ce qui apparaît comme un axiome, voire un postulat. Le sujet considéré est présenté en la qualité de « poète tragique » comme si son caractère, sa personnalité et son écriture relevaient de ce genre. Le sous-titre du texte indique la démarche auctoriale qui vise la dramatisation et la théâtralisation de la dix-septième « vie imaginaire », « à la manière » du dramaturge bio/graphié, révélant la technique du pastiche. Les décors, la fable, la diégèse, les personnages, les actions et l’événementiel, c’est-à-dire l’univers fictionnel dans son ensemble, sont le résultat d’emprunts, de calques, d’assemblages, de collages, de constructions et de créations nouvelles, à la mode surréaliste. Ce que nous retiendrons de la démarche paradoxale est à la fois son caractère trouble et embrouillé (pasticcio), et l’imitation, l’adaptation déconstruite et reconstruite, qui jouit d’une esthétique qui lui est propre. Le texte de M. Schwob n’est pas contrefaçon : il est œuvre personnelle dûment référencée, parodie et hommage.L’imaginaire de M. Schwob a été éveillé, stimulé et animé par des écrivains et des artistes de toutes les époques. De son côté, il a aussi fait des émules. Il a conçu la vie de Cyril Tourneur sous une forme poétique et onirique, un rêve fantastique et tragique, qu’il a consigné dans un écrit abscons et nébuleux, et sa fabuleuse histoire a été à son tour adaptée en une version filmique théâtralisée, par Jean-Pierre Gras, Denis Laget et Didier Semin.Ces deux écrivains du trouble sont troublants, dérangeants, mais fascinants et grisants.