1 octobre 2022
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Benjamin Joinau, « L’image absente Une lecture de L’Amant de Marguerite Duras », HAL-SHS : littérature, ID : 10.21651/cfaf.2022.82..398
Cet article propose une nouvelle lecture de L’Amant, prix Goncourt et best-seller mondial de Marguerite Duras publié en 1984. L’œuvre de Duras, tout comme sa biographie qui en est indissociable, ont fait l’objet de nombreux ouvrages, thèses et articles. Cependant, si les analyses de romans comme Le Ravissement de Lol V. Stein ou de La Maladie de la mort sont nombreuses et célèbres (J. Lacan, M. Blanchot), les lectures critiques dédiées à L’Amant sont plus rares. Le genre autobiographique de cet ouvrage aura entraîné la critique dans une direction (trop) biographique centrée autour de la question de l’identité de l’amant éponyme. C’est cependant passer à côté de la complexité de cette œuvre capitale que de la réduire à un récit de vie. Comme toujours chez Duras, l’intime et le personnel servent de matériau pour une plongée dans les mystères indicibles de la psyché humaine. Duras cherche toujours à exprimer ce qu’il y a d’innommable dans le désir, dans la jouissance, dans la douleur. Paradoxe apparent qu’elle dépasse par un dispositif narratif plus complexe qu’il n’y paraît. Nous proposons ici, en appliquant à L’Amant les acquis de la critique durassienne, une herméneutique de ce roman au moyen d’une psychologie des profondeurs explorant les différents niveaux de sens de ce récit-palimpseste. Notre hypothèse propose l’inceste comme trope structurant en creux ce livre d’images écrites, images refoulées et fragmentées que l’écriture révèle indirectement.