2020
Cairn
Pierre Rouxel, « « Si les salariés nous suivent, c’est parce qu’on leur est utiles. » Les ambivalences de la citoyenneté industrielle dans une usine agroalimentaire en Argentine », Critique internationale, ID : 10670/1.mg70q1
Dans les années 2000, le tournant à gauche de l’Amérique latine a coïncidé avec le retour au premier plan des organisations syndicales dans les équilibres de pouvoir. En Argentine, les commissions internes, socles d’un important maillage syndical dans les espaces de travail, ont souvent été considérées comme porteuses de nouvelles formes d’organisation horizontales et démocratiques. À ce titre, elles constituent un poste d’observation privilégié pour comprendre sous quelles conditions le syndicalisme agit aujourd’hui comme un outil mobilisable par les salariés pour faire valoir leurs droits et comme un support d’approfondissement de la citoyenneté au travail. L’analyse de la situation dans une usine agroalimentaire emblématique du renouvellement « par le bas » du syndicalisme argentin révèle néanmoins combien l’institutionnalisation de pratiques plus participatives demeure contrainte par les rapports de subordination qui organisent le travail usinier. En cela, elle met en lumière la relative continuité d’un travail syndical de distribution de faveurs personnalisées, caractéristique des stratégies de maintien de l’ordre usinier qui étaient en vigueur lors de la décennie néolibérale des années 1990.