1 janvier 2010
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54 (2010/1) - Géomorphologie (hommage à A. Ozer)
Jan NYSSEN et al., « Genèse de rideaux suite à la culture attelée : observations en Éthiopie pour mieux comprendre les paysages ruraux européens », Bulletin de la Société Géographique de Liège, ID : 10670/1.mgo9by
L’origine des rideaux sur des terres (antérieurement) cultivées en Europe fait toujours l’objet de controverses, et les conditions biophysiques ainsi que l’organisation socio-économique des systèmes agraires dans lesquels on les observe sont souvent peu prises en compte. Des observations de systèmes agraires non mécanisés contemporains, tel celui de l’Ethiopie du Nord, ainsi que des mesures sur le terrain mettent en évidence que les labours répétés à l’aide de l’araire entraînent le développement de rideaux, sans intervention d’un quelconque nivellement délibéré. Les bandes enherbées sur les limites parcellaires sont des barrières pour les sédiments transportés par l’eau et un obstacle parfait pour le mouvement du sol labouré vers l’aval. L’utilisation de l’araire en Ethiopie mène au dépôt annuel de 11 à 91 kg de sédiments par mètre courant de rideau. Des résultats similaires ont été établis dans d’autres pays pour des labours par boeufs, par chevaux, ou à la houe. Les labours, le ruissellement et la gravité ont mis en place les rideaux. De même, en Europe, on ne peut guère suspecter les paysans des sociétés médiévales, gallo-romaines ou antérieures d’avoir délibérément excavé les sols en place pour mettre à jour le sous-sol dans leurs champs.