La psychiatrie, une neurotechnoscience ?

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2022

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Armelle Grenouilloux, « La psychiatrie, une neurotechnoscience ? », L'information psychiatrique, ID : 10670/1.minh84


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À l’ère de la prévalence des neurosciences dans la recherche et l’enseignement, quelle serait la spécificité de la psychiatrie ? Dans les suites du retour de la neuropsychiatrie états-unienne et des enjeux bioéconomiques de la cartographie cérébrale, diverses institutions françaises rattachent la psychiatrie aux « neurosciences cliniques » rejoignant en cela les préoccupations et espoirs scientifiques d’une partie de la profession. Pour autant, tout ailleurs, les politiques publiques en matière de psychiatrie et santé mentale témoignent de priorités organisationnelles et sécuritaires où les neurosciences ont une simple place de caution scientifique visant l’implémentation de technologies émergentes pour l’essentiel numériques. Une nouvelle neuropsychiatrie deviendra-t-elle bientôt l’outil spécifique de la gestion d’une santé mentale à laquelle le traitement algorithmique de données massives fournira preuves, valeurs et conduites à tenir ? C’est à cette question épistémologique et éthique que la profession, aujourd’hui clivée, doit répondre.

In an era when neuroscience is prevalent in research and teaching, what could be special about psychiatry? In the wake of the return of American neuropsychiatry and the bioeconomic stakes of brain mapping, various French institutions are linking psychiatry to “clinical neuroscience,” thus meeting the scientific hopes and concerns of a part of the profession. However, elsewhere, public policies in the field of psychiatry and mental health reflect organizational and security priorities in which neuroscience has a simple place as a scientific guarantee for the implementation of emerging technologies that are essentially digital. Will a new neuropsychiatry soon become the specific tool for the management of mental health for which the algorithmic processing of big data will provide evidence, values, and guidelines? It is this epistemological and ethical question that the profession—divided at present—must answer.

En la era de la prevalencia de la neurociencia en la investigación y la enseñanza, ¿cuál sería la especificidad de la psiquiatría? A raíz del retorno de la neuropsiquiatría norteamericana y de lo que se juega en lo bioeconómico de la cartografía cerebral, varias instituciones francesas vinculan la psiquiatría a las “neurociencias clínicas”, respondiendo así a las preocupaciones y esperanzas científicas de parte de la profesión. No por ello, muy lejos, las políticas públicas en materia de psiquiatría y salud mental dan fe de unas prioridades organizativas y de seguridad en las que las neurociencias ocupan un simple lugar como garantía científica para la implementación de tecnologías emergentes, en su mayoría digitales. ¿Se convertirá pronto una nueva neuropsiquiatría en la herramienta específica para la gestión de una salud mental a la que el tratamiento algorítmico de datos masivos aportará pruebas, valores y directrices? Es a esta cuestión epistemológica y ética a la que la profesión, hoy dividida, debe responder.

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