Philippe Jarnoux, enseignant d'histoire moderne à l'Université de Bretagne occidentale à Brest, directeur du Centre de recherches bretonnes et celtiques de 2011 à 2017, s’exprime sur son parcours et ses choix professionnels

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5 avril 2019

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MMSH

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enquête témoignage thématique Habilitation à Diriger des Recherches (HDR) mémoire de synthèse des travaux scientifiques professeur(e) d'université historien parcours d'historien carrière professionnelle histoire écriture écriture de soi choix de vie enseignement de l'histoire relation vie privée-vie professionnelle sentiment d'appartenance Nières, Claude (né en 1930) Lebrun, François (1923-2013) Université de Bretagne occidentale (UBO) Centre de recherches bretonnes et celtiques (CRBC) Delumeau, Jean (1923-2020) Séguin, Normand (né en 1944) Lespagnol, André (1943-1920) Croix, Alain (1944-….) Lepage, Dominique (1958-….) période moderne

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Philippe Jarnoux et al., « Philippe Jarnoux, enseignant d'histoire moderne à l'Université de Bretagne occidentale à Brest, directeur du Centre de recherches bretonnes et celtiques de 2011 à 2017, s’exprime sur son parcours et ses choix professionnels », Ganoub, archives sonores de la recherche, ID : 10670/1.mjrm5u


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Philippe Jarnoux est le premier dans sa famille à passer le baccalauréat et à faire des études supérieures. Ses parents sont des petits paysans bretons devenus ensuite grainetiers en Normandie. Intéressé par le journalisme et la philosophie, il choisit finalement l’histoire et s’inscrit à l’université de Rennes 2. Les périodes médiévale et moderne le passionnent, il va soutenir un master avec Claude Nières sur l’attraction démographique d’une petite ville bretonne, puis commencer un DEA avec François Lebrun dont il apprécie la qualité scientifique, la pédagogie et la disponibilité. À cette période il ne passe pas encore les concours car il a besoin de travailler pour nourrir sa famille, il a eu son premier enfant à 21 ans et il est maître auxiliaire à Rennes. Les circonstances lui permettent de s’associer à un programme dirigé par son directeur et Normand Séguin sur le thème « Sociétés villageoises et rapports villes-campagnes au Québec et dans la France de l'Ouest du XVIIe au XXe siècle ». Il part neuf mois à Université du Québec à Trois-Rivières au sein du Centre de recherche en études québécoises. Il prend goût à faire de la recherche et il va publier son premier article scientifique dans la Revue d’histoire de l’Amérique française ; ce séjour de neuf mois est une expérience enrichissante tant au point de vue humain qu’intellectuel. A son retour, il passe des concours dont celui de PEGC où il est admis, l’année suivante il réussit le CAPES et après son année de stage au lycée de Saint-Malo il doit faire son service national. Il demande une coopération et il nommé entre 1988 et 1989 au Nord du Brésil, à l’Université São Luís, Maranhão où il part en famille. À son retour, il est nommé dans l’enseignement secondaire dans l’académie de Rouen un an, puis à Fougère, puis à Montfort. Il continue de travailler à sa thèse mais François Lebrun part à la retraite, il la termine avec Claude Nières et la soutient en 1993 sur sujet « Les bourgeois et la terre : activités, fortunes, stratégies foncières à Rennes au 18e siècle ». Il candidate à des postes de Maître de conférence et il en obtient un à Brest en 1995, à l’Université de Bretagne Occidentale - UBO, où il est maintenant Professeur. C’est une forme de consécration pour lui dans sa famille où il est le seul intégré dans un milieu universitaire. Il apprécie l’enseignement, la transmission, les relations avec les étudiants et il a un goût fort pour la recherche mais il a souvent remis en question sa place dans le monde académique. Suite à un héritage, a eu l’opportunité de quitter l’université juste après son HDR pour travailler la terre mais il ne l’a finalement pas fait. Il a besoin de produire des choses concrètes et utiles, le travail de la terre, sur un territoire circoncis où il « connait le nom des arbres, la couleur des cailloux » est directement productif. Dans son analyse l’enseignement l’est aussi, car la parole portée a, selon lui, plus d’effet que les publications qui ne vont intéresser qu’un milieu fort restreint ; il confie d’ailleurs y prendre beaucoup de plaisir. Pour rédiger son HDR Philippe Jarnoux met à profit deux années de délégation au CNRS, rattaché au Centre de recherche bretonne et celtique - CRBC, alors UMR, entre 2001 et 2002 ; son garant est Alain Croix. Il suit une famille du centre de la basse Bretagne, à travers en particulier un personnage qui a été procureur général entre 1651 et 1682, Yves Morice de Coetquelfen. Il étudie le processus d’ascension sociale de cette famille dont il trouve trace dès le XVe siècle, les stratégies conscientes ou pas, de passage entre bourgeoisie et noblesse et le réseau partagé entre les élites et le monde rural en abordant la question foncière et l’appartenance de la terre. Il note à ce propos que ses recherches sont certainement en lien avec sa propre mobilité sociale et il considère avoir une approche distanciée face à son parcours universitaire. Il soutient en 2002 sont HDR et obtient un poste de professeur en 2005. Il ne garde aucun souvenir de la rédaction de son mémoire d’ego-histoire, vécue comme un bilan intéressant mais dont il n’a pas de fichier numérique et dont il ne sait pas où se trouve le manuscrit. À la fin de l’entretien, le témoin revient sur les décisions réfléchies qui se prennent au cours d’une vie. Selon lui, elles sont plus généralement le résultat d’opportunités, et ne sont pas les mêmes suivant les âges de la vie et les contingences du moment. Ce sont des questions qu’il se pose lorsqu’il travaille sur des carrières spécifiques, en s’interrogeant sur ce qui dans les actions de tel ou tel personnage révèle vraiment ses choix.

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