Des paysages sans avenir ? Les espaces naturels à l’épreuve du récit d’anticipation (1846-1946)

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19 juin 2024

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Valérie Stiénon, « Des paysages sans avenir ? Les espaces naturels à l’épreuve du récit d’anticipation (1846-1946) », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.ml2vjw


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Les préoccupations liées à la partition nature/culture et à l’impact négatif de l’anthropocène sur les diverses formes du vivant sont au centre des littératures de l’imaginaire. Leur étude a été récemment relancée sous l’angle de la climate-fiction (cli-fi) et celui des écofictions, qui constituent des ensembles génériques centrés sur ces thématiques de la nature menacée par l’inconséquence et la démesure des actions humaines. De longue date, ces mêmes thèmes ont été traités par les œuvres relevant du récit d’anticipation, veine littéraire qui a précédé et préparé l’émergence de la science-fiction. Une part importante des récits d’anticipation s’inscrit en effet dans le registre de la dystopie représentant des communautés en danger ou sur le déclin. Dans ces scénarios du pire, le milieu naturel est l’indicateur récurrent d’un état problématique de société : son étiolement, sa dénaturation voire sa disparition constituent bien souvent les indices d’une situation peu enviable amenée à connaître un développement autrement plus déceptif. Le paysage fait ainsi l’objet d’une poétique dysphorique, qu’il soit placé au service de l’aménagement hygiéniste des espaces habités (Émile Souvestre, Le Monde tel qu’il sera, 1846), sacrifié par l’industrialisation galopante (Jules Verne, Les Cinq Cents Millions de la Bégum, 1879), subordonné à l’exploitation économique des énergies terrestres (Didier de Chousy, Ignis, 1883), urbanisé de force par conformation au darwinisme social (Claude Farrère, Les Condamnés à mort, 1921), investi comme milieu de survie hors de la métropole après la catastrophe (René Barjavel, Ravage, 1943) ou encore victime d’un eugénisme débridé aux conséquences non maîtrisées (Xavier de Langlais, L’Île sous cloche, 1946). Dans de nombreux récits, entropie et anthropisation semblent aller de pair, et le paysage pourrait n’être plus que l’empreinte évanescente de projets collectifs lancés sans retenue vers l’avenir. Quelle place ces représentations des espaces naturels (ré)aménagés occupent-elles dans l’économie narrative de fictions volontairement anxiogènes qui ont pour visée de réagir, par la critique, la satire ou la caricature, à leur contexte socioculturel ? La communication propose un parcours transversal des romans dystopiques de langue française entre 1846 et 1946, en examinant les spécificités du récit conjectural dans la thématisation des paysages anthropisés.

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