14 octobre 2014
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Davide Crippa, « RESULTATS D'IMPOSSIBILITE: DE LA GEOMETRIE A L'ANALYSE: Une étude de résultats classiques d’impossibilité », HAL-SHS : histoire, philosophie et sociologie des sciences et des techniques, ID : 10670/1.mljizz
Cette dissertation a pour thème l'étude des résultats d'impossibilité dans le contexte de la géométrie classique (XVIIème siècle). Dans cette étude, J'adresserai les questions suivantes. Comment les géomètres classiques ont démontré (ou argumenté pour) l'impossibilité de résoudre certains problèmes par des moyens donnés ? Peut-on identifier des structures et rôles similaires dans des différentes instances de ces arguments d'impossibilité ?Mon point de départ est un des premiers examples de pensée algébrique en géométrie, c'est à dire le marquant traité « La Géométrie » De Descartes. Mon examen de cette œuvre concernera des points méthodologiques, tels que les fondements de la distinction entre courbes géométriques et mécaniques, ainsi que la classification des courbes et de problèmes. Dans mont travail, j'avancerai la suivante thèse générale : les résultats conditionnels d'impossibilité exercent un double rôle méthodologique. Premièrement, ils servent à démarquer les courbes acceptables des courbes non acceptables. Deuxièmement, ils entrent dans la classification des problèmes sur la base des courbes qui entrent dans leur construction, proposée par Descartes dans le troisième livre de « La Géométrie », et commentée par Van Schooten dans ses éditions en latin de 1649 et 1659.La présence de résultats d'impossibilité dans un traité, tel que que « La Géométrie », dédiée aux fondements d'une méthode pour résoudre tous les problèmes de géométrie, n'est pas surprenante, car une telle méthode devrait offrir les règles générales pour résoudre chaque problème selon les moyens les plus adéquats.Un autre, intéressant ébauche d'une classification de problèmes entre « possibles » et « impossibles » peut être trouvé dans la correspondance entre Descartes et Mersenne. En particulier, le problème de la quadrature du cercle est conçu par Descartes comme une instance de « problème impossible ». Plus en général, le problème de la quadrature du cercle représentait un problème fort intéressant dans le contexte de la recherche aux XVIème et XVIIème siècles. Non seulement il s'agissait d'un problème difficile, mais il avait un rôle métathéorique (ou méthodologique) important, car il pouvait être invoqué afin de distinguer les méthodes légitimes en géométrie des méthodes illégitimes.D'autant plus, pendant la seconde moitié du siècle 17, plusieurs mathématiciens invoquaient l'impossibilité de résoudre ce même problème par des moyens algébriques, afin de démarquer les territoires de l'analyse finie (ou algébrique) de ceux de l'analyse infinitésimale.Dans une deuxième partie de ce travail, j'examinerai en détail certains morceaux des deux œuvres suivantes: « Vera circuli et hyperbolae quadratura » (1667), de James Gregory, et « De quadratura arithmetica circuli ellipseos et hyperbolae cujus corollarium est trigonometria sine tabulis » (1676) écrit par G. W. Leibniz.J'avancerai la thèse que les résultats d'impossibilité à propos du problème de la quadrature du cercle acquiert un statut nouveau pendant la deuxième moitié du XVIIème siècle.Afin d'expliquer mieux cette thèse, je ferai une étude critique du travail « Vera circuli et hyperbolae quadratura » écrit par James Gregory. Dans ce texte, en fait, Gregory propose de rechercher des manières de réduire le problème de la quadrature du cercle, et des autres sections coniques à centre (l'ellipse et l'hyperbole) à une équation algébrique, et aboutit avec un argument pour démontrer l'impossibilité de cette démarche. L'argument de Gregory est fallacieux, et il a été assez critiqué par ses contemporains. Pourtant, il montre une compréhension peu commune, pour son temps, du rôle et de l'importance des résultats d'impossibilité. En plus, la thèse de Gregory autour de l'impossibilité de trouver une quadrature algébrique des sections coniques à centre est historiquement de relief, car elle a influencé, à travers une controverse successive avec Huygens, une influence profonde sur les mathématiques Leibniziennes.Le chapitre 8 de ma dissertation est en effet dédié au long traité leibnizien : « De quadratura arithmetica circuli ellipseos et hyperbolae », composé et terminé parmi son séjour parisien. Bien que le traité circulait, en plusieurs versions différentes, parmi les amiset les collègues de Leibniz à partir de 1674, et bien que les évidences historiques montrent que Leibniz possédait un manuscrit prêt pour la publication déjà en 1676, ce document a été perdu, et le traité n'a jamais été publié pendant que Leibniz était encore en vie. Mon intérêt pour la « De quadratura arithmetica » sera adressé principalement à la proposition LI du traité, considérée par Leibniz son véritable « couronnement » : il s'agit d'un théorème dédié à l'impossibilité de trouver une quadrature algébrique du cercle, de l'hyperbole et de l'ellipse. Leibniz a supposément prouvé, par le moyen d'un argument indirect qu'il n'y a pas de quadrature des sections coniques à centre plus géométrique que la sienne. Comme la solution présenté dans le « De quadratura arithmetica » est obtenue par une série infinie, cela revient à dire que la solution à la quadrature du cercle, de l'ellipse et de l'hyperbole ne peut pas être obtenue par une équation algébrique finie.Dans le chapitre 8, j'examinerai dans le détail l'influence que la controverse entre Gregory et Huygens a exercé sur la genèse, la conception et sur certains résultats présents dans le « De Quadratura Arithmetica » de Leibniz. Je discuterai ensuite la signification mathématique et méthodologique des résultats d'impossibilité Leibnizien, et j'avancerai la thèse d'après laquelle le « Vera Circuli et hyperbolae quadratura » de Gregory a joué un rôle de relief par rapport à la fonction du théorème (ou « pseudo-théorème ») d 'impossibilité formulé par Leibniz dans l'organisation de son traité sur la quadrature arithmétique du cercle et des autres sections coniques. Finalement, dans un chapitre conclusif, je répondrai aux questions avancées au début en déterminant le poids et la fonction des résultats d'impossibilité dans le contexte des mathématiques du XVIIème siècle et, plus particulièrement, par rapport aux cas d'étude discutés dans cette dissertation. A cet égard, j'évaluerai ces cas d'étude par rapport aux résultats d'impossibilité d'aujourd'hui et par rapport à ceux formulés déjà dans l'antiquité.