12 septembre 2022
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Pierre-Marie Delpu, « Les prêtres libéraux, acteurs des cultes des martyrs révolutionnaires (États italiens, années 1840-années 1860) », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.msnju0
Au milieu du XIXe siècle, les cultes des martyrs révolutionnaires ont constitué l’un des plus puissants outils de la politisation libérale dans la plupart des États italiens préunitaires. Leur mobilisation croissante s’inscrit dans un contexte plus large de transferts sécularisés de notions religieuses pour les besoins des mobilisations de masse, à l’image des catéchismes ou encore du culte marial. On se propose ici d’étudier du point de vue de ses acteurs un processus déjà bien connu dans ses aspects rhétoriques et littéraires, alors qu’il est l’un des principaux supports discursifs de la nation culturelle italienne. Le rôle des prêtres dits « libéraux », au sens où ils ont défendu contre les autorités monarchiques les revendications des libertés politiques et économiques, a de ce point de vue été déterminant, révélé à la fois par les très nombreuses sources policières et judiciaires et, dans certains États, par les quelques sermons publiés dont on dispose, en particulier au moment de la révolution de 1848 (État pontifical et Toscane). En se focalisant principalement sur cet épisode, la contribution met en évidence trois dimensions fondamentales des usages des martyrs politiques par les prêtres libéraux : leur insertion dans des célébrations publiques à forte tonalité religieuse, le déploiement d’une rhétorique de la vengeance, portée par la prédication en chaire, la mise en œuvre d’outils d’assistance prioritairement destinés aux « martyrs vivants », catégorie qui émerge dans le discours politique italien à partir des années 1840.