2022
Cairn
Bernard Freiman, « Représentation de soi et déformation du corps dans la peinture (Vinci, Caravage et Le Greco) », Psychosomatique relationnelle, ID : 10670/1.mspf9t
L’article qu’on va lire se propose de comprendre pourquoi, après le meurtre de 1606 et l’exil qui s’ensuit, Caravage se représente dans les tableaux de cette période sous forme de victime à tête coupée. Cet « autoportrait » survient dans un contexte biblique ou évangélique comme la mort de saint Jean-Baptiste, David vainqueur de Goliath. Cette représentation n’est pas seulement une expression de culpabilité mais plonge ses rancunes dans les zones profondes de la personnalité du Caravage : obsession de la castration lien entre plaisir et douleur, désir d’agresser et de séduire le spectateur. Ces tableaux sont aussi étroitement liés aux grands événements de sa vie : meurtre de Tommasoni, exil à Naples, à Rhodes et en Sicile. Ils sont non seulement le reflet de ces grands bouleversements mais annoncent en quelque sorte ces ruptures à l’avance. En outre, ils créent avec le spectateur une relation spécifique faite de fascination et d’horreur qui structure toute la création picturale du Caravage depuis les premiers tableaux romains jusqu’aux tableaux de la fin. Chez Léonard de Vinci et chez Le Greco, ces transformations de soi sont davantage liées à des thèmes mystiques.