8 avril 2018
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Éric Chevaucherie, « L’année 1969 en Suède ou le retour sur terre », Publications de l’Institut de recherches historiques du Septentrion, ID : 10670/1.mswzyj
En Suède, l’histoire politique des dernières décennies, et notamment de l’année 1969, est inévitablement reliée à la date du 28 février 1986. Ce soir-là, Olof Palme, alors Premier ministre de la Suède, est assassiné dans une rue de Stockholm. Le choc est évidemment terrible pour les Suédois. La violence politique que la Suède n’avait finalement jamais connue, pas même aux cours des années 1968-1969, frappe brutalement le plus haut sommet de l’Etat. La perte est immense, tant le Premier ministre avait occupé la scène politique depuis plusieurs décennies. Une époque semble s’être arrêtée brutalement en février 1986. Cette époque s’était ouverte en 1969.1969 marque effectivement l’accession d’Olof Palme aux plus hautes charges de l’État. Le 1er octobre 1969, le Premier ministre en exercice, Tage Erlander démissionne de son poste après 23 ans de pouvoir. La transition est en réalité des plus banales, surtout dans le contexte suédois. Quoi de plus normale que cette transition démocratique ? Pas de changement de régime, pas d’élection législative, pas de changement de majorité. Pourtant, dans son discours de clôture du congrès du parti social démocrate à Stockholm en 1969, Olof Palme s’interroge : « Quels sont les points politiques que la nouvelle direction du parti social-démocrate suédois peut radicalement changer ? » La réponse viendra d’elle-même : changement de génération, changement de contexte où la décolonisation a fait son œuvre, fin de cycle économique où les meilleures années sont du domaine du passé.1969 est sans doute cette année où la Suède redescend sur terre, où elle se mêle aux affaires du monde, où s’annoncent les premiers signes de remise en question d’un modèle politique et économique jusque-là presque parfait !