2021
Cairn
Audrey Caquel, « Le « petit être » et les machines dans les sections « Liberté d’action » et « Apparitions » du recueil La Vie dans les plis de Henri Michaux (1949) », L'Homme & la Société, ID : 10670/1.mv0f1n
L’œuvre de Henri Michaux déploie différentes figures de l’inadapté. Le motif de la machine, filé dans « Liberté d’action » et « Apparitions », révèle la relation que le « petit être », tel que le poète se définit lui-même, entretient avec la société. Il soutient une dramaturgie intérieure de la posture du corps face au réel agresseur. Dans « Liberté d’action », aux côtés des instruments, la machine dit la joie frénétique de l’appropriation du pouvoir par l’inadapté face aux différents rapports hiérarchiques. Dans « Apparitions », nous assistons à un renversement radical du rôle de l’appareil mécanisé : celui-ci se retourne contre le sujet poétique. Confronter le traitement de ce thème dans ces deux sections qui se suivent dans le recueil La Vie dans les plis (1949), met au jour la fragilité individuelle du « petit être », mais aussi un regard mélancolique porté sur l’aliénation de l’Homme face à la violence des organisations sociales. Si Michaux s’est exprimé contre toute forme de poésie engagée, il explore cependant ici la relation de « domination-subordination » qui lui est chère, ainsi que les tentatives d’insubordination d’un corps révolté. Par le truchement de la machine et des instruments, le regard du lecteur évolue, du burlesque au sentiment d’une irrémédiable déréliction.