Cadre paleoenvironnemental et paléoclimatique des occupations du Paléolithique supérieur et du Mésolithique : approche malacologique et géochimique combinée de la séquence de tuf de l'Ilôt Renaudin à Angoulême

Résumé En Fr

The redevelopment of the train station district at Angoulême motivated rescue archaeological works led by the Inrap. They revealed a Late Glacial to Holocene sequence including Azilian, Laborian and Mesolithic remains. In the western part of the site, silty deposits intercalated with organic layers dated from the Early Holocene (9940 + 40 à 6910 + 30 BP) and overlaid by 3 m of calcareous tufa. Tufas routinely host evidence of past environmental conditions via well-preserved faunal and floral assemblages (as mollusc shells, leaf prints, mammal remains, etc.) and preserve potential archaeological levels in situ. Additionally, as they mostly comprise of calcite precipitated at ambient temperature, tufas are also suitable targets for palaeoclimatic reconstructions, especially from oxygen and carbon isotopes, which allow combining palaeoenvironmental to truly synergic but independent climatic reconstructions. Tufas are thus key deposit in continental area to investigate environmental and climatic dynamic and associated human occupations. The multidisciplinary approach of calcareous tufas, combining especially malacology and geochemistry has already provided significant results at other Holocene sites in Europe but the discovery of the Angoulême-Renaudin sequence provide the first opportunity to develop such investigation in Southwestern France. The whole stratigraphical succession was continuously sampled providing 40 malacological samples strictly parallel to 40 geochemical samples. Together with stratigraphic and sedimentological data, palaeoenvironmental and palaeoclimatic data provide a detailed framework to the succession of the different human occupation at the site.

Dans le cadre des opérations d’archéologie préventive menées par l’Inrap sur le chantier de réaménagement du quartier de la Gare d’Angoulême, une séquence Tardiglaciaire-Holocène contenant des vestiges aziliens, laboriens et mésolithiques a été mise au jour. Dans la partie ouest du site, le colmatage d’une ancienne dépression présente une succession de dépôts limoneux à passées organiques datés du début Holocène (9940 + 40 à 6910 + 30 BP) surmontés par un tuf calcaire conservé sur 3 m d’épaisseur. Le mode de dépôt des tufs permet la conservation in situ d’éventuels niveaux archéologiques ainsi que la préservation d’informations paléontologiques et paléoenvironnementales variées et de grande qualité (mollusques, empreintes foliaires, restes de mammifères, etc.). De plus, leur composition en calcite (près de 95%) permet d’utiliser des indicateurs climatiques géochimiques indépendant des vestiges paléontologiques, en particulier les isotopes stables de l’oxygène et du carbone (δ18O et δ13C). Les tufs sont donc un contexte exceptionnel en domaine continental pour l’étude des dynamiques environnementales et climatiques et des occupations humaines associées. Si l’approche pluridisciplinaire des tufs calcaires, couplant géochimie et malacologie, a déjà fait ses preuves sur d’autres séquences européennes de tuf holocène, la découverte d’une séquence de tuf à Angoulême a permis de réaliser une étude de ce type pour la première fois dans le quart sud-ouest de la France. L’ensemble de la stratigraphie et plus particulièrement la séquence de tuf ont fait l’objet d’un échantillonnage en continu détaillé avec en parallèle, 40 échantillons malacologiques et autant d’échantillons géochimiques. Couplés aux données stratigraphiques et sédimentologiques, les reconstitutions paléoclimatiques et paléoenvironnementales obtenues permettent de fournir un cadre précis à la succession des différentes occupations humaines sur le site.