24 octobre 2017
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Marine Paquereau, « Écrire la relation père-fils dans Affliction de Russell Banks », Collection Filiations, ID : 10670/1.mxzb8l
L’angoisse de reproduire le schéma familial parcourt toute l’œuvre de Russell Banks. Le thème de la filiation est ainsi central dans son roman Affliction, au sein duquel le narrateur Rolfe Whitehouse évoque la relation tendue que son frère Wade entretient avec leur père Glenn, homme violent physiquement et verbalement qui l’a traumatisé dès l’enfance. Obsédé par l’idée d’être un bon père pour sa fille Jill, Wade finit toutefois par commettre les mêmes fautes que ses ancêtres, en plongeant à son tour dans l’alcoolisme et la violence, ce qui ne peut que mener à la tragédie. Le recours systématique à la troisième personne tout au long du récit dit toute l’ambiguïté d’un narrateur qui parle des siens tout en les tenant à distance et qui ne s’immisce pas (du moins en surface) dans le conflit œdipien qui oppose Wade et Glenn et se solde par un parricide. En effet Rolfe, qui a une formation d’historien, se veut objectif. Raconter le trauma de Wade lui permet notamment de nous livrer ses réflexions naturalistes sur l’hérédité et l’influence du milieu sur l’homme. Mais on comprend que le narrateur, en faisant de Wade son double, raconte en fait de manière oblique son propre trauma de la filiation, un trauma qu’il s’efforce, comme Banks lui-même, de sublimer par l’écriture.