2012
Axel Nesme, « Wallace Stevens : A Study in Vesperal Poetics », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.mym7h2
A partir de la définition stevensienne de l'analogie comme reformulation, il s'agit ici d'explorer la poétique de la variation qu'appelle ce moment particulier que désigne le titre "An Ordinary Evening in New Haven". Quoiqu'elle s'efforce selon diverses modalités de théoriser la "réalité", la méditation poétique sur l'interaction entre objectivité et imagination vise d'abord la vérité fuyante du désir qui se présente sous les dehors de la vérité philosophique. Aussi le soir, loin d'être le moment du rassemblement et de la synthèse, n'est-il qu'un fragment d'une "incessante méditation" placée sous le signe de la correctio, figure de la révision emblématique de ce qui, dans la poésie philosophante de Stevens, relaie et amplifie la prémisse selon laquelle il "Y a d' l'Un", formule du discours du maître selon Lacan. Pour autant, le poème de Stevens ne se fonde pas simplement sur les fantasmes dont relève ce discours, mais les expose tout aussi bien. Ainsi, alors même qu'il égrenne divers avatars de la complémentarité et ne cesse de réaffirmer la possibilité imaginaire de la clôture, sa dynamique tient à la résistance qu'il oppose au désir de clôture suscité chez le lecteur, le texte privilégiant au contraire l'esquisse et l'incomplétude, qui relèvent toutes deux de l' "ordinaire" stevensien. D'où la tension à l'œuvre dans la suite poétique, entre affirmation de maîtrise par le biais des tournures aphoristiques que le poète affectionne, et réduction de la maxime à la pure forme de la légalité, coquille vide au creux de laquelle résonne la voix qui légifère.