14 juin 2016
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Reyniès Justine de, « La poétique aristotélicienne à l’épreuve de l’épopée de la nature : réflexions sur le poème descriptif », Loxias, ID : 10670/1.mzrxl9
Est-il possible d’ériger la nature en héroïne d’un récit sans nier son identité propre, par quoi elle se définit comme l’Autre de l’homme ? Telle est la question que soulève, du point de vue écocritique, le projet d’« épopée de la nature » qui voit le jour dans la France de la fin du XVIIIe siècle. S’il illustre les apories inhérentes à l’idée d’une épopée cosmique qui évince les figures de Dieu et de l’Homme comme actant principal, le poème emblématique des Mois de Roucher montre comment l’inscription de l’épique dans le poème de la nature contribue à bousculer la hiérarchie des genres et l’idéologie qui la sous-tend, évolution qui entre en résonance avec un ensemble de thèmes témoignant d’une conscience de l’insertion de l’homme dans son environnement naturel. Cependant, la relation à la nature est placée sous le signe d’une hésitation fondamentale : si le recours au mythe et à la figure permet au lecteur de renouer avec une mentalité archaïque qui pense la vocation de l’homme à habiter son séjour terrestre, cette tendance est contrariée par les notes en prose adjointes au poème, qui restaurent la scission établie par la science moderne entre l’objet et le sujet.