29 juin 2022
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Dercy Aubin Moulengui, « L'éthique à l'humanité par les Lumières dans l'oeuvre de Madame de Staël : étude herméneutique dans la perspective des travaux de Paul Ricœur », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.n0ic9s
La littérature est l’extension du domaine de réflexion des époques. Au XVIIIe siècle elle porte les idées des intellectuels vers le grand public. Alors elle est un instrument de reproduction du monde mais aussi une source de projection de l’imaginaire d’un auteur sur des bases archétypales voulues. Mme de Staël estime qu’il est important de répandre largement les idées des Lumières. Ce faisant elle illustre l’évolution des principes éthiques de l’humaniste par des illustrations dans son œuvre de fiction. Les apports des humanistes sont majeurs dans son œuvre dans la mesure où on lit les marques de la conscience, de l’éthique, de l’humanisme, de la raison. Mme de Staël, héritière des idées humanistes, fait une œuvre de fiction qui propose une visée de la vie sociale que nous nous sommes proposé d’analyser sous le thème de l’éthique à l’humanité à la manière d’un processus. Il s’agissait d’étudier à travers la construction narrative la progression de la sensibilité humaine et de l’empathie.Au XXe siècle sous l’impulsion de nouvelles écoles critiques, l’herméneutique apparaît comme un modèle critique qui nous a permis d’apporter à l’œuvre de Mme de Staël un nouveau point de vue. Avec l’œuvre du philosophe Paul Ricœur, l’œuvre de Mme de Staël présente des structures innovantes révélées par les perspectives de recherches du philosophe qui tente de lier les sciences sociales entre elle, particulièrement la littérature et la philosophie. En effet, il s’intéresse à l’interaction entre les sciences humaines et porte un intérêt à la littérature pour mettre en évidence ses réflexions. Avec lui, on entre dans l’œuvre de Mme de Staël à travers les postulats de l’herméneutique pour voir comment s’illustrent les actions dans le discours littéraire. Par la façon de voir en autrui un autre soi, son alter-ego et voir dans cet autrui un autre soi se construit la volonté d’agir par empathie qu’on relie dans l’œuvre de Mme de Staël. Ce postulat nous amène à voir comment Mme de Staël construit par l’éthique à l’humanité la construction de la compassion, de l’empathie chez ses héros une phénoménologie de l’action tributaire de la conscience.Mme de Staël nous est ainsi apparue comme un auteur et comme un écrivain qui a su réunir dans son œuvre les aspirations des Lumières et de l’humanisme. Elle présente une volonté d’émancipation des femmes sous les traits d’une topique récurrente dans son discours par les thèmes de la femme intellectuelle et de la femme héroïque. Il faut voir dans cette volonté par l’action mise en évidence par ses héroïnes une symbolique dans la mesure où l’action demeure la continuité d’une réflexion de la conscience confrontée à une situation.A travers les trois parties de notre thèse, nous avons voulu présenter par l’approche des travaux herméneutiques de Paul Ricœur comment l’œuvre de Mme de Staël présente une éthique humaniste tout en mettant en avant la philosophie des Lumières. L’œuvre se présente comme un reflet de la fin des idéologies dominantes au sortir du XVIIIe siècle. Elle reprend les idéaux des Lumières sous les traits du féminisme qui sous-tend la récurrence des héroïnes dans l’ensemble des fictions. Ce trait de l’œuvre de Mme de Staël est en soi un élément structurant son œuvre littéraire. Toutefois, le discours littéraire est profondément marqué par des éléments sémantico-stylistiques qui mettent en évidence l’humanisme des personnages. En effet, l’on voit à travers la construction phénoménologique de l’action dans les récits l’illustration évidente d’une volonté des personnages de mettre en scène une conscience éthique et humaniste pour répondre aux attentes de la société de l’époque des Lumières.