2003
Cairn
Nadège Ragaru et al., « Macédoine 2002-2003 : Entre semi-protectorat et espoirs d'intégration euro-atlantique », Le Courrier des pays de l'Est, ID : 10670/1.n0l78i
En sanctionnant, lors des élections législatives du 15 septembre 2002, le parti au pouvoir dont certains membres prônaient la politique du pire dans un pays qui, en 2001 encore, était au bord de la guerre civile, les Macédoniens ont montré qu’ils souhaitaient tourner une page. Et leur choix pour une coalition rassemblant Slaves et Albanais et déterminée, certes plus par nécessité que par conviction, à œuvrer pour un apaisement des relations intercommunautaires, témoigne de leur volonté de vivre en paix. Toutefois, le gouvernement porté au pouvoir par cette vague a vu son image très vite se ternir, car il a mis à l’écart un certain nombre de responsables liés au parti majoritaire précédent, a engagé une lutte contre la corruption qui ne ménage personne et, surtout, n’a pas su expliquer à la population le bienfondé des réformes prévues par les accords d’Ohrid d’août 2001. Celles-ci, qui portent sur la représentation des Albanais dans l’appareil d’Etat, l’usage des langues minoritaires et la décentralisation, sont vécues de manière très différente dans les deux communautés, comme une concession arrachée sous la pression internationale, côté slavophone, et une promesse d’amélioration de leur sort, côté albanophone. Enfin, les missions déployées par l’Otan, puis par l’UE, pour assurer la sécurité n’ont pas permis d’éviter les frictions entre Slaves de Macédoine et Albanais. Les uns et les autres se rejoignent cependant sur un point : l’intégration aux structures euro-atlantiques représente le seul moyen de mettre un terme au conflit intercommunautaire et de garantir la viabilité de l’Etat de Macédoine. Mais encore faudrait-il que la situation économique se redresse suffisamment pour contre-carrer les tendances au développement d’une société duale. Or, les perspectives sont pessimistes en raison de l’austérité budgétaire dictée par le FMI, de la mise en faillite programmée d’un grand nombre d’entreprises publiques et de l’aggravation du déficit commercial. Dès lors, le marché du travail demeure complètement déprimé avec un taux de chômage qui atteint 44 % des actifs.