Le Chemin de Povreté et de Richesse de Jacques Bruyant, poème équivoque

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2017

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Elisabeth Pinto-Mathieu, « Le Chemin de Povreté et de Richesse de Jacques Bruyant, poème équivoque », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.n18o9i


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Le Chemin de Povreté et de Richesse de J. Bruyant, poème équivoque à Armand Strubel, maître des allégories équivoques et non maître équivoque des allégories… Le chemin est une métaphore originellement préemptée par la littérature philosophique, religieuse ou morale. Il apparaît déjà dans l'apologue de Prodicos sur le choix d'Heraklès entre le Vice et la Vertu relaté par Xénophon. Deux femmes apparaissent à l'adolescent : l'une lui promet, à gauche, le plaisir et la satisfaction de tous ses caprices, l'autre, à droite, la pratique du Bien, via le gravissement dans la peine et la sueur du sentier du travail. Ainsi l'adolescence permet-elle déjà de savoir si les hommes « se dirigeront vers la vie par le chemin de la vertu ou celui du vice 1 ». La métaphore est largement réinvestie par le christianisme et son célèbre « Je suis le chemin, la vérité et la vie 2 ». Dans La Voie d'Humilité, Rutebeuf, guidé par des figures allégoriques, emprunte en rêve-déjà-un chemin à deux voies, où s'opposent symétriquement les sept péchés capitaux et les sept vertus qui le conduiront au Paradis 3. Mais c'est sans doute dans Le Roman de la Rose de Jean de Meun qu'apparaissent le plus nettement les chemins de Pauvreté et de Richesse. Ils inaugurent une deuxième partie du discours d'Ami, « consacrée à l'évocation du moyen le plus rapide de parvenir à ses fins auprès d'une femme, les présents et la richesse 4 » ; cette route est interdite au pauvre « car povres n'a dont s'amour pesse 5 », le pauvre n'a pas de quoi entretenir son amour. Ami, qui vient d'en faire l'amère expérience, fait toutefois remarquer que Folle Largesse ne manquera pas de faire tomber dans la pauvreté les amants qui emprunteront son chemin, qui se retrouveront ruinés et sans amis. Le Roman de la Rose a connu quantité d'adaptations ultérieures 6 , dont celle qui nous intéressera ici, Le Chemin de Povreté et de Richesse de Jacques Bruyant, composé en 1342. Dans une oeuvre de 2620 octosyllabes, le « notaire du Roy au Chastelet de Paris » reprend la tradition allégorique du Roman de la Rose, son cadre onirique ainsi que la métaphore du chemin de Richesse de Jean de Meun. La femme y est toujours bien présente, comme dans l'apologue de Prodicos ou le symbole de la rose à cueillir, à la différence notable que cette femme est l'épouse du narrateur. L'insertion de l'oeuvre de Bruyant dans Le Mesnagier de Paris, ses adaptations ultérieures, suffisent à montrer que son Chemin de Povreté et de Richesse est une oeuvre « matrimoniale », dans laquelle tout ne serait qu'allégorie sans le couple bien réel de deux protagonistes mariés depuis peu. Les enjeux de la richesse s'en trouvent de facto modifiés puisqu'il ne saurait s'agir, dans l'oeuvre de 1342, du moyen le plus rapide de conquérir une femme déjà « possédée ». De quelle richesse est-il question ? De celle de la morale ? Du travail ? Ou bien, de manière plus inattendue, de celle toujours de l'amour ? Au lendemain de la première guerre mondiale c'est Arthur Långfors qui, dans la Romania 7 , tira de l'oubli cette oeuvre « restée à peu près inconnue » d'un « poète obscur », qui imitait la « machinerie allégorique » du Roman de la Rose et ses personnages, en particulier Raison, Faux-1 Voir Xénophon, Mémorables, II, chap. I, §21-34. Sur cette question du bivium, voir Franz De Ruyt, L'idée du Bivium et le symbole pythagoricien de la lettre ϒ, in Revue belge de Philologie et d'Histoire

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