4 novembre 2020
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Anouk Bottero, « Discipline des corps féminins dans A Chorus Line (1975) », HAL-SHS : études de genres, ID : 10.3917/rfea.165.0003
Représenté pour la première fois à Broadway en 1975 et immense succès populaire pendant quinze ans, le musical A Chorus Line est l’un des meilleurs exemples du concept musical tel qu’il se développe à la fin des années 1960. Chorégraphiée et mise en scène par Michael Bennett, ce backstage musical offre une incursion dans les rouages de Broadway et du processus de sélection drastique des danseurs et danseuses, et donne à voir les différents processus disciplinaires qui fabriquent des corps féminins. Opérer une distinction entre corps féminins et masculins semble aller à l’encontre du projet initial de la pièce puisqu’il s’agit de recruter un chœur (le chorus éponyme) dans lequel hommes et femmes se dissoudront de façon indistincte : pourtant, ce sont les femmes qui expriment leur inadaptation à la performance tout au long de la pièce. La discipline qui s’exerce sur ces corps est souvent l’occasion d’une sanction pour le corps qui ne parvient pas à se conformer aux normes, bien que le musical célèbre également les corps féminins qui résistent à une essentialisation et affirment leur individualité. En considérant le double projet de la pièce, qui s’articule entre déchaînement des individualités et méthode disciplinée du chœur, il s’agira de se demander dans quelle mesure A Chorus Line montre l’envers de cette discipline dans une perspective critique : soucieux de nous démontrer les artifices du spectacle à travers la mise en scène de la discipline, la pièce semble pourtant créer un « corps-spectacle » idéal, qui dépasse les normes de genre mais se conforme à celles inhérentes à toute performance.