2018
Cairn
Stéphane Sanchez, « Le réel en soi. De l’ontologie à l’hontologie », Essaim, ID : 10670/1.n20cj3
Lacan refuse toute ontologie. Il la tourne en hontologie. La question de l’être est liée à celle de la honte. Est-ce qu’avec certitude, là où il y a la honte, il y a l’être de qui nous sommes ? La honte nous oblige à interroger l’évolution de la réflexion philosophique sur l’être à partir d’une faille, d’une division entre soi et l’autre. De saint Augustin à Nietzsche, en passant par Rousseau, la division du sujet est tangible mais bouchée par la présence de Dieu. Sans transcendance, c’est le corps qui devient le support du regard de l’autre : un corps immanent, vécu, et socle pour Freud de la pulsionnalité, de notre présence à l’autre, à l’amour de l’autre et à l’amour de soi. Amour qui peut toujours faillir et défaillir, pour un regard, un mot, venant me donner l’illusion que je suis à cet instant cet être-là, couvert de honte. Le réel peut renverser la question ontologique vers l’ordre du discours, modifiant en même temps les thèmes du soi et de la honte.