2019
Cairn
Nicolas Le Dévédec, « La grande adaptation : Le transhumanisme ou l'élusion du politique », Raisons politiques, ID : 10670/1.n3rlzg
Le transhumanisme ne se réduit pas à un projet technoscientifique. Il engage un rapport au monde, à la collectivité, à la cité (polis), qu’il est nécessaire d’interroger, au-delà des enjeux éthiques et utilitaristes qui tendent aujourd’hui à prédominer dans les débats. C’est la nature et le sens de ce « rapport au monde » promu par le mouvement que cet article entend mettre en lumière dans une perspective théorique critique. Son objectif est de montrer que le transhumanisme, y compris quant à la branche dite sociale et progressiste du mouvement, promeut et diffuse un rapport au monde qui se caractérise fondamentalement par l’élusion du politique, au sens philosophique et fondamental du terme. Sur des sujets aussi divers que la prise en charge des risques globaux planétaires, la question des problèmes de santé publique, le bien-être conjugal ou encore les questions écologiques, les transhumanistes avancent des explications de type « psycho-bio-évolutionnistes » qui exonèrent les sociétés capitalistes de toute responsabilité et conduisent à privilégier des solutions technoscientifiques centrées sur l’adaptation humaine.