2021
Cairn
Julie Marguerite Deschênes et al., « Comment aider les jeunes atteints de psychose à éviter l’itinérance ? », Santé mentale au Québec, ID : 10670/1.n55ogw
Objectifs Issu de l’expérience clinique et de la littérature, cet article cherche à stimuler une réflexion chez les acteurs impliqués concernant l’organisation des services et les interventions à privilégier auprès des jeunes vivant un premier épisode de psychose et une situation d’instabilité résidentielle ou d’itinérance. L’objectif de l’article est de faire un survol de la littérature sur la situation de ces jeunes et de leurs besoins, des défis auxquels ils font face dans leur trajectoire de soins et de différentes interventions à considérer auprès d’eux pour prévenir l’itinérance ou en sortir. Méthode Cette revue de littérature présente une synthèse narrative des articles issus de revues de littérature ou d’études primaires publiées en français ou en anglais entre 1995 et mars 2021 en se concentrant plus spécifiquement sur les services et les pratiques d’intervention mises en oeuvre au Québec dans les dernières années. Certaines interventions faites à différents moments dans le parcours d’un jeune peuvent modifier sa trajectoire et prévenir une situation d’itinérance ou en limiter la durée et les conséquences. Tout au long de l’article, une vignette clinique illustrera ces interventions survenant à différents moments clés dans la vie d’un jeune. Résultats Le risque d’instabilité résidentielle et d’itinérance chez les jeunes vivant avec une psychose débutante est plus important que dans la population générale. Cette situation peut contribuer au déclenchement ou à l’aggravation de la psychose notamment en raison du stress associé aux conditions de vie difficiles et aux possibilités accrues d’expériences de victimisation. Cette précarité peut aussi être la conséquence de la psychose et de ses conditions associées. Toutefois, peu d’études portent spécifiquement sur les jeunes vivant à la fois un premier épisode de psychose et une situation d’itinérance ou d’instabilité résidentielle. L’instabilité associée au contexte d’itinérance complexifie leur trajectoire de soins en santé mentale, retarde leur accès aux services appropriés et interfère avec leur engagement dans le suivi. Les interventions visant la prévention de l’itinérance incluent l’accompagnement dans la transition à la vie adulte et le repérage des situations d’instabilité résidentielle. Au niveau de l’organisation des soins, les centres de services intégrés en santé mentale pour les jeunes et le développement de partenariats, le travail en réseau et l’intersectorialité permettent de pallier certains défis. Les modèles d’interventions intensives de proximité et les interventions visant la stabilité résidentielle avec accompagnement sont favorables pour les jeunes en situation d’itinérance. Conclusion Les défis auxquels sont confrontés les jeunes vivant avec une psychose débutante en situation d’itinérance impliquent des enjeux pour l’accès, la continuité et la qualité des services de santé mentale. Des interventions intégrées tant pour prévenir l’itinérance que pour les aider à en sortir peuvent être mises en oeuvre pour endiguer cette problématique.