Du supplémentaire. Sainte Thérèse d’Avila dans ses jouissances

Résumé Fr En Es

Jacques Lacan n’a cessé d’évoquer la tradition mystique chrétienne. Le comble en est le séminaire Encore, où il y revient pour ressaisir l’expérience mystique du point de vue d’une jouissance qui supplée à l’absence de rapport sexuel, autre que la jouissance phallique. Selon Lacan, cette « Autre jouissance » nie le fondement de la fonction phallique (ce fondement étant l’existence d’un être qui dit que non à la fonction phallique), de sorte que la jouissance phallique ne constitue plus un « tout ». D’où la définition de l’Autre jouissance comme « supplémentaire », et c’est cela même que Lacan appelle la « jouissance féminine ». Or, le paradigme privilégié de la jouissance supplémentaire, voire son seul paradigme nommé comme tel dans Encore, est la jouissance éprouvée par des mystiques comme sainte Thérèse d’Avila. L’auteur s’appuie sur ses témoignages – tourbillon vertigineux, riches d’enseignements analytiques — pour repérer des éléments qui permettent d’affirmer que la sienne est proprement féminine, et non phallique.

Jacques Lacan never ceased to evoke the Christian mystical tradition. The culmination of this is the Seminar Encore, where he returns to it in order to reapprehend the mystical experience from the point of view of a jouissance that supplies the absence of sexual relation, but which is other than phallic jouissance. According to Lacan, this “Other jouissance” denies the foundation of the phallic function (this foundation being the existence of a being who says no to the phallic function), so that phallic jouissance no longer constitutes a “whole”. Hence the definition of the Other jouissance as “supplementary”, and it is this very thing that Lacan calls “feminine jouissance”. Now the privileged paradigm of supplementary jouissance, or even its only paradigm named as such in Encore, is the jouissance experienced by Christian mystics, among whom Saint Teresa of Ávila. We will therefore work on her descriptions — which form a sort of dizzying whirlwind, but rich in analytical teachings – to identify elements that allow us to affirm that hers is properly feminine, and not phallic.

J. Lacan nunca dejó de evocar la tradición mística cristiana. El colmo, el seminario Aún, donde intenta captar la experiencia mística a partir de un goce que suplió a la falta de relación sexual, un goce diferente de la experiencia fálica. Esto Otro goce niega el fundamento de la función fálica que no constituye un Todo. Este Otro goce nombrado goce “suplementario”, es, para Lacan, el goce femenino. Ahora bien, el paradigma privilegiado del goce suplementario es el goce vivido por místicas como santa Teresa de Ávila, incluso es el único paradigma que él cita. El autor se apoya en estos testimonios para identificar los elementos que permiten afirmar que su goce es realmente femenino, y no fálico.