2022
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Claudia Serban, « Dieu et le temps, le temps et l’Autre : Levinas et l’infinie dia-chronie », HAL-SHS : philosophie, ID : 10.2143/RPL.119.1.3290592
Si dès Le temps et l’autre (1948), Levinas a proposé de penser la temporalité à partir de l’altérité d’autrui, quittant l’horizon du temps immanent de la conscience ou de l’existence pour nouer une alliance inédite entre le temps et l’extériorité, les textes gravitant autour d’Autrement qu’être (1974) adoptent de manière significative le vocabulaire de la «dia-chronie» pour exprimer ce temps de la transcendance et confèrent ainsi une portée décisive à la distinction entre synchronie et diachronie. Le temps diachronique n’est pourtant pas inauguré seulement par la rencontre d’autrui, mais aussi par l’épreuve de l’idée de l’Infini, que le Levinas tardif explicite dans les termes d’un «à-Dieu» où le passé immémorial de la responsabilité rejoint le «pur futur» d’une attente régie par la signification éthique de la prophétie. Plusieurs échelons ou registres de la diachronie se laissent dès lors identifier, allant de l’altération immanente de l’existant que produit la synthèse passive du vieillissement jusqu’à l’épreuve ultime de la transcendance, celle de l’Infini comme à-Dieu, en passant par la rencontre du prochain comme première altérité véritable. Ainsi, le temps diachronique ne doit pas être conçu en rupture totale avec le temps vécu, mais ressaisi à partir des expériences qui l’instituent et l’attestent.