2006
Cairn
Laure Hinckel et al., « Ecrivains roumains et engagement », Le Courrier des pays de l'Est, ID : 10670/1.n7tne8
N’ayant eu d’autre alternative pour publier, durant les cinquante années de communisme, que de composer avec la censure, la majorité des écrivains roumains se sont pliés à cette contrainte avec plus ou moins de docilité. Certains préférèrent se «retirer», soit en abandonnant leur vocation, soit en s’exilant. Les bouleversements que la Roumanie a connus à partir de décembre 1989 les ont, peut-être plus, dans un premier temps, que le citoyen ordinaire, vivement interpellés. Plusieurs sont descendus dans l’arène politique, remisant pour un temps leurs travaux littéraires pour assumer de hautes responsabilités. D’autres, au contraire, ont mis leur plume et leur notoriété au service d’une démocratisation pour le moins contrariée, qui, au sein d’associations, qui, dans les médias. A la veille de l’entrée dans l’Union européenne (janvier 2007), l’engagement politique direct n’est plus de mise, même si le délicat travail de mémoire via l’ouverture récente des archives est loin de laisser indifférents nombre d’intellectuels, dont des écrivains : mais c’est en portant sur une société toujours marquée par de nombreux tabous, un regard acéré et, aussi, en s’interrogeant sans a priori et surtout sans contrainte, sur une identité et une histoire nationales soumises par leurs aînés à des relectures idéologiquement biaisées, que de jeunes auteurs apparaissent aujourd’hui, parfois à leur corps défendant, comme des «spectateurs engagés».