9 décembre 2021
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Étienne Beaulieu, « Une langue nourricière, politique de la prose (Rousseau, Sand) », Tangence, ID : 10670/1.n90jy5
L’abbé Grégoire (1750-1831) n’est pas à proprement parler un oublié de la Révolution française, mais sa politique linguistique d’éradication des patois sous la Constituante et la Convention passe, elle, souvent inaperçue, alors qu’elle pose un jalon capital dans la longue durée de l’histoire de la langue française. C’est en regard d’une politique du livre héritée des Lumières et de son préjugé favorable à la lettre que l’abbé Grégoire tente de mettre en place une politique répressive des dialectes et patois afin de faire entrer la différence de la phonê dans la gramma. Cette manière de voir les rapports entre langue et patois aura des conséquences politiques et littéraires tout au long du xixe siècle, perceptibles chez George Sand notamment, dont le roman Jeanne (1844) donne à lire les conséquences directes d’une folklorisation des langues marginales, les repoussant du côté d’une divinisation poétique dorénavant dépourvue d’efficace sociale.