18 septembre 2018
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Florence Vatan, « Le Comble du singulier : génie et idiotie dans le discours médical au XIXe siècle (l’exemple de Louis Lambert) », Presses Sorbonne Nouvelle, ID : 10670/1.n99wao
Au cours du XIXe siècle, la question des liens d’affinité entre génie et idiotie a suscité la curiosité des médecins et des écrivains. Cette solidarité paradoxale se fait jour dans Louis Lambert (1832), roman consacré à un génie précoce sombrant dans un état de catalepsie proche de l’idiotie. Balzac fait ressortir l’ambivalence entourant ces deux manifestations de la singularité : le glissement du génie à l’idiotie reflète une hésitation, voire une inquiétude – mêlée de fascination – quant au statut à leur accorder. La singularité est en effet considérée comme déviance, aberration et symptôme d’inadaptation ou au contraire comme figure exemplaire et fascinante de l’accomplissement de soi. Balzac explore les difficultés herméneutiques liées à l’identification du génie et de l’idiotie tout en se désolidarisant des approches réductrices telles qu’elles s’expriment en particulier dans le discours médical. À travers la destinée de Louis Lambert, la singularité s’affirme comme une dimension fascinante, troublante et ambiguë dont la signification demeure irréductible.