Trois usages modernes du discours médical par Maxime Du Camp

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9 novembre 2022

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Catherine Ménager, « Trois usages modernes du discours médical par Maxime Du Camp », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.nc8l7i


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Maxime Du Camp a tenté de lier littérature et militantisme. Aussi la « littérarité » de son œuvre polygraphique a-t-elle été mise en cause. Néanmoins, comme le prouve, par exemple, l’évolution récente des programmes scolaires, l’approche de la littérature au sens large évolue vers une prise en compte de tous les types de discours, des plus poétiques aux plus prosaïques avec, pour objectif clairement affiché, d’examiner chacun de ces textes à la lumière de l’interdisciplinarité. À ce titre, au moins, les écrits de Du Camp méritent d’être réévalués. En particulier, leur intérêt réside dans la multitude de registres littéraires et linguistiques, de « types de textes » qui se côtoient dans quelques-uns de ses livres au point que plusieurs d’entre eux demeurent inclassables si l’on s’en tient aux critères génériques habituels. Bien plus, Maxime Du Camp use parfois d’un même type de discours à des fins très diverses, prouvant en cela davantage son talent qu’une quelconque tendance à l’éclectisme.En ce sens, son emploi du discours médical constitue un excellent révélateur de la manière dont, refusant de suivre certaines tendances littéraires, il a voulu résoudre des dilemmes clairement inscrits dans son époque. En effet, la médecine s’impose dans la littérature du XIXe siècle : pourvoyeuse de métaphores au profit des poètes romantiques, symbolistes puis décadents, elle constitue également un thème cher aux romanciers naturalistes. Dans lequel de ces mouvements littéraires ranger Du Camp ? Faut-il absolument classer ses écrits qui, quoi qu’il en soit, participent de la modernité du XIXe siècle, pour en reconnaître l’intérêt ? L’analyse de trois de ses textes, correspondant à trois formes différentes de discours médical, pourrait permettre de répondre partiellement à ces questions. Le premier, issu d’Orient et Italie, Souvenirs de voyage et de lectures (1868), relève du pur discours médical. Dénonçant l’absurdité de la guerre de Crimée (1853-1856), Du Camp y milite finalement en faveur du recrutement d’un plus grand nombre de médecins. À la fois narratif, descriptif et argumentatif, son plaidoyer prouve, chiffres à l’appui, que de nombreux soldats sont morts de diverses maladies, plutôt qu’au combat. Le second, extrait du récit En Hollande (1859), met en scène l’écrivain en critique d’art : sa description savante, et néanmoins subjective, voire passionnée, du tableau « La leçon d’anatomie du docteur Tulp » de Rembrandt prône une esthétique de la chirurgie, la « beauté du cadavre » dans un registre aussi singulier que conforme à l’esprit du XIXe siècle. Enfin, Le Voyage des trois mouches, sorte de conte d’avertissement qui se distingue nettement des autres nouvelles formant le recueil Bons cœurs et braves gens (1893), peut s’interpréter comme une allégorie de la médecine préventive puisqu’il y est fait l’éloge d’une alimentation saine, naturelle et surtout non dégradée par l’homme. À l’évidence, chacun de ces textes, pourtant formellement et thématiquement ancré dans son époque, fait encore puissamment écho à notre actualité littéraire et sociale.

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