Une vallée dans tous ses états. Le système de terrasses de la vallée de la Somme : modèle de réponse aux variations climatiques cycliques quaternaires au cours du dernier Ma pour le NW de l’Europe

Résumé Fr

Si la vallée de la Somme est depuis longtemps reconnue comme le berceau de la Préhistoire avec la découverte, dès la fin du XIXème siècle de sites devenus emblématiques comme Abbeville Moulin-Quignon ou Amiens Saint-Acheul, elle l’est moins pour ce qui est de l’approche croisée géologie-préhistoire, pourtant née à la même époque dans cette vallée (Archéo-Géologie de Boucher de Perthes). C’est dans ce contexte que se sont plus tard développées les recherches modernes associant géologie, géomorphologie, sédimentologie, pédologie, paléontologie et archéologie, et qui ont connu un développement rapide à la suite des travaux pionniers de F. Bourdier (années 1970).Plus récemment l’étude inter-disciplinaire et systématique des séquences stratigraphiques de la Somme, couplée avec le développement des datations, numériques (ESR-quartz et ESR/U-Th-dents) et des recherches sur la vallée actuelle, a fait du système de terrasses de la Somme une référence au niveau international pour l’étude de la réponse des systèmes fluviatiles aux grands cycles climatiques glaciaires-interglaciaires qui rythment l’histoire de la Terre au cours du dernier Ma (Antoine et coll. 1990-2020). Ce système, est constitué de 10 nappes alluviales étagées sur 55 m d’altitude correspondant au bilan d’autant de cycles glaciaires/interglaciaires.Cet ensemble, recouvert par des dépôts de versant (séquences loess-paléosols), constitue un objet géologique exceptionnel dont l’importance patrimoniale n’a cependant pas toujours été bien perçue. Sa préservation en tant que patrimoine géologique est actuellement un objectif important. Récemment, des découvertes comme celle d’Amiens-Renancourt (2013), ou la redécouverte et la datation du site emblématique de Moulin Quignon à Abbeville (2016) sont venues renforcer l’importance de cette vallée dans les recherches actuelles, aussi bien dans le domaine de la préhistoire que dans celui de la géologie du Quaternaire.Ces travaux constituent une contribution fondamentale, et toujours en évolution, à l’étude des relations entre les premiers peuplements humains de l’Europe et les variations climatiques et environnementales.