Plaidoyer pour un paysage sentinelle

Résumé Fr

En prétendant éviter un réductionnisme (la mise à plat du paysage sur l’environnement) et faire œuvre de réalisme critique, la théorie de l’artialisation tombe dans une réduction symétrique qui est d’assimiler à une pure subjectivité l’expérience esthétique du paysage, ce qui exclut le pays (ou l’environnement, ou la nature « vernaculaire ») de toute contribution à l’émergence de cette expérience esthétique. C’est d’ailleurs souvent en écrasant par le symbolique l’écologie sémiotique du territoire que l’art manque son objet, et c’est selon nous l’une des raisons qui rend la théorie de l’artialisation du paysage caduque à l’âge de l’Anthropocène, incapable d’arbitrer entre les régimes de visibilité qui se présentent à elle. Pour ma part, En je qualifie de « paysage sentinelle » un nouveau type de paysage, caractéristique selon moi de l’Anthropocène, une époque géologique qui ne désigne pas seulement un accaparement délétère du sol vivant par les humains, mais aussi un double entrelacement de l’humain et du non-humain, avec d’un côté des processus naturels (biomes) traversés de social et de l’autre côté, des sociétés (anthromes) traversées de nature.