Les conduites dopantes fondatrices d'une sous culture cycliste (1965-1999)

Fiche du document

Date

2005

Discipline
Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Source

Staps

Collection

Cairn.info

Organisation

Cairn

Licence

Cairn




Citer ce document

Élisabeth Lê-Germain et al., « Les conduites dopantes fondatrices d'une sous culture cycliste (1965-1999) », Staps, ID : 10670/1.ng5gub


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr En

Alors que la culture sportive se fonde généralement sur des valeurs relevant de la démocratie, du désintéressement et sur des normes basées sur le fair-play et rejetant toute forme de tricherie, les conduites dopantes observées chez les cyclistes amateurs de bon niveau et professionnels révèlent l’existence d’une sous-culture dont les valeurs et les normes sont déplacées. L’idée même de tricherie n’est plus perçue, les normes sont gommées au profit de nouveaux modes opératoires contrôlés par l’entourage. L’influence du groupe est en effet essentielle dans le contrôle exercé sur les nouveaux membres. L’appartenance à ce même groupe impose les modes de vie du « milieu » organisés autour des conduites dopantes. Omniprésente, la chimie améliore non seulement les performances mais agit aussi comme le ciment du groupe : le produit semble facilement accessible et rassemble les coureurs dans une ambiance de franche camaraderie. Il est, au même titre que l’entrainement lui-même, un élément fondateur de la cohésion sociale. Mais pour entrer dans ce monde, il faut satisfaire les rites initiatiques et faire preuve d’allégeance au groupe. Ainsi, la volonté individuelle s’efface-t-elle au profit de la volonté collective. Un vocabulaire spécifique se développe. Des tactiques de course plus ou moins légales s’organisent. Entre 1965 et 1999, en dépit de la volonté nationale de lutter contre le dopage, cette sous-culture plus ou moins souterraine gagne du terrain face à la culture sportive, celle de l’antidopage qui devrait pourtant être la seule légitime. Tandis que les conduites dopantes s’affichent sans complexe au grand jour, les purs, en l’occurrence les récalcitrants à certaines de ces pratiques, sont bafoués et cristallisent autour d’eux tous les ressentiments liés à la défense du groupe. Mais dans le même temps, les procédés et techniques de dopage se transforment sous l’effet des progrès scientifiques et pharmacologiques. Ces nouvelles techniques, moins connues et réservées à une certaine élite, celle du cyclisme professionnel, relèguent aux oubliettes les conduites dopantes, artisanales, fondatrices de la sous culture cycliste observée. Ainsi, cette même sous culture apparaît elle en net recul à la fin des années quatre-vingt-dix.

Sport culture is generally based on values like democracy, unselfishness, fair play and it rejects any form of trickery. Doping behaviour noticed among advanced amateur cyclists and professionals reveals the existence of a subculture whose values and rules have been depraved. The simple concept of trickery is no more discerned. Rules have vanished on behalf of new operating modes controlled by attendants. Indeed, group influence is essential to the control exerted on a new member. Being a member of the group dictates a community way of life based on doping practices. Chemical substances are omnipresent and improve not only physical performances but may constitute the cement of the group: drugs seem to be easily available and athlets gather in an environment of open goodfellowship. Drugs, in the same way as training itself, are a foundational element of social cohesion. But to enter the community, one must go through initiation rites to prove allegiance to the group. So does individual will fade away on behalf of collective will of the group. Particular doping language spread out. Racing strategies, more or less legal, emerge. Between 1965 and 1999, despite of a national campaign against doping, this hidden subculture is gaining ground over official sport culture, although this one is overtly against doping practices and the only legitimate. While doping behaviour shows off publicly and without embarrassment, those who do not take drugs, who reject doping practices, are facing resentment and harassment. The group defends itself against any threat. But in the same time, doping proceedings and techniques change due to scientific and pharmacological progress. These new doping practices, less known and reserved for a small elite made of professional cyclists, are progressively pushing into the background the old-fashioned doping behaviours that once were foundational of the cycling subculture. Therefore, this subculture seems to lose influence at the end of the 90’s.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en