Des lieux communs de la résistance artistique ? Analyse comparée des engagements de rappeurs africains en mobilité

Résumé Fr En

Cet article analyse les enchevêtrements entre art et engagement dans les scènes de rap africain en explorant la question (méconnue) des mobilités transnationales qui accompagnent les trajectoires de politisation des rappeurs. Il s’appuie sur l’analyse des biographies de trois rappeurs (du Gabon, du Sénégal et du Burkina Faso), qui s’affirment tous trois comme des artistes « engagés ». Il met au jour les influences et modalités d’action communes que ces rappeurs partagent, tout en démontrant qu’en fonction des contextes et des parcours individuels, ces références et influences communes conduisent à différents types d’engagements par la musique et à différentes expériences de la mobilité. Cet examen des mobilisations de rappeurs africains en mobilité contribue finalement à une compréhension plus large des rapports entre art et engagement, en éclairant la tension entre spécificités nationales et dimension « translocale » de ces mondes de l’art.

This paper analyzes the entanglements between art and engagement in African rap scenes, by exploring the (little-known) question of transnational mobilities that accompany the politicization trajectories of rappers. It draws on the biographies of three rappers (from Gabon, Senegal, and Burkina Faso), who present themselves as “engaged” artists. It uncovers the common influences and modalities of action that these rappers share, while demonstrating that, depending on individual contexts and backgrounds, these common references and influences lead to different types of engagement through music and different experiences of mobility. This examination of the mobilizations of African rappers finally contributes to a broader understanding of the relationship between art and engagement, by shedding light on the tension between national specificities and “translocal” dimension of these art worlds.