CHAPITRE 1 – CONSTRUIRE UNE APPROCHE DES SERVICES ECOSYSTEMIQUES

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2014

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Xavier Arnauld de Sartre et al., « CHAPITRE 1 – CONSTRUIRE UNE APPROCHE DES SERVICES ECOSYSTEMIQUES », HAL-SHS : géographie, ID : 10670/1.niqhwg


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Résumé Fr

La notion de services écosystémiques relève de trois ordres distincts. D'un point de vue pédagogique, elle souligne tout d'abord la dépendance de l'homme à l'égard de son environnement, mais se fonde sur un constat selon lequel cet environnement est en train d'être détruit à une échelle alarmante – d'où des questions qui se posent pour le bien-être de l'homme. D'un point de vue notionnel, le fait de parler de services écosystémiques est à la fois le produit et le vecteur de certaines conceptions des rapports hommes / milieux. Enfin, en termes de politiques publiques, cette notion est apparue dans le contexte d'une gouvernance environnementale profondément marquée par les rapports de force des groupes qui portent ces notions. Ces trois dimensions des services écosystémiques (pédagogique, conceptuelle et opérationnelle) font des services écosystémiques un « dispositif » de gestion de l'environnement. Elles posent aux scientifiques des questions de positionnement fondamentales. Les écueils sont de plusieurs ordres : le premier constat pourrait amener à se contenter d'un certain empirisme et tenir la notion pour évidente. Ce serait cependant faire preuve d'une naïveté que les scientifiques à l'origine de la notion de services écosystémiques n'avaient eux-mêmes pas. Le second constat pourrait nous amener à considérer que puisque ce n'est qu'une vision de la nature, sa valeur n'est pas supérieure à celle d'autres visions de la nature. On pourrait alors se contenter de démontrer la relativité de tout savoir, montrer que telle société à tel endroit a une autre vision de la nature et, de là, se faire les chantres de la diversité culturelle. La troisième position pourrait découler directement de la précédente, encore qu'elle s'en passe bien volontiers : la notion de services écosystémiques est une manifestation de l'entreprise de néo libéralisation de la nature, un « rideau de fumée » 1 destiné à cacher des intérêts qui, eux, sont bien réels. Chacune de ces positions situe son locuteur dans un champ bien identifié : le champ scientifique ou le champ d'une certaine conservation pour la première position ; le champ de la diversité culturelle pour la seconde position ; celui des études critiques ou de certaines Organisations non gouvernementales pour la troisième position . Notre ambition, on l'aura compris, est de prendre en compte ces trois dimensions à la fois. Mais une telle position n'est pas tenable sans faire des choix. Le choix que nous faisons est de considérer la notion de services écosystémiques comme une notion construite pour être positionnée dans des rapports de forces entre différentes conceptions de la nature et de sa protection. C'est une notion de compromis. Ce compromis n'est pas seulement entre différents groupes sociaux qui, classiquement, s'affrontent pour défendre une vision plutôt qu'une autre : c'est un compromis entre différentes acceptions de la nature caractéristiques de la modernité écologique. Or dire cela limite forcément le périmètre de validité des services écosystémiques : inventée pour convaincre certains acteurs à certaines échelles scalaires, cette notion n'a pas forcément un intérêt universel, qui en ferait une notion parfaitement applicable en tous lieux.

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