2017
Cairn
Patricia Touboul, « Étienne Souriau ou la gloire de l’esthétique », Nouvelle revue d’esthétique, ID : 10670/1.njroy6
Les écrits d’Étienne Souriau sont traditionnellement associés à l’esthétique sans qu’on sache nécessairement quelle orientation celui-ci entendait précisément lui donner, ni quelle inscription il lui réservait au sein de la philosophie. La présente étude tâchera de ressaisir les étapes de la constitution d’une discipline à l’intérieur de ce discours, discipline au départ circonscrite et assignée à une tâche spécifique, mais qui, à la faveur d’un élargissement de son objet – non plus la forme mais l’ art, défini comme processus instauratif présent à tous les niveaux de l’existence comme son essence –, a fini par s’identifier à la philosophie tout entière, à son tour désignée comme art, à devenir ainsi philosophie première, cosmologie, mais aussi morale. L’esthétique, discipline incertaine, dont la légitimité, au début du xxe siècle, paraissait rien moins que justifiée, accéderait ainsi dans le système de Souriau à une forme de gloire épistémologique et cosmologique à la faveur d’une nouvelle forme de sacralisation de l’art.