2005
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Ari Simhon, « Levinas et l'universalisme. Premiers éléments pour une critique de la lecture de Benny Levy », Revue Philosophique de Louvain, ID : 10.2143/RPL.103.4.2003547
Si l'universel de la raison, le Vrai, s'impose sous la condition de l'acceptation du travail rationnel, l'universel éthique du Bien, qui s'éprouve pathiquement, est quant à lui inconditionnel. Tout homme en tant qu'homme selon Levinas accède à l'universel éthique, au Sens, et cette accession définit une judéité originelle qui «précède» toute religion, y compris la juive. Il faut dire ici que tous les hommes sont juifs. Une culture particulière peut toutefois favoriser ou défavoriser cette épreuve éthique et Levinas maintient toujours à ce niveau un privilège du biblique sur tout autre monde et donc sur le monde occidental, ce dernier ayant son excellence dans l'ordre de la politique et de la connaissance rationnelle. Il faut alors maintenir un particularisme du judaïsme dont la culture a moins que d'autres recouvert le Bien, le sens de l'altérité, de la transcendance. Ce particularisme, toutefois, ne signifie pas une scission sans lien avec le reste de l'humanité: il n'y a pas d'un côté Jérusalem et de l'autre Athènes, leur guerre inévitable, puisque tous les hommes sont juifs, mais seulement une tension où chaque pôle gagne à intégrer l'exigence de l'autre — leçon lévinassienne que l'interprétation à l'œuvre dans les derniers livres de Benny Lévy n'accepte pas et qu'il s'agit ici de mettre en relief.