16 novembre 2018
info:eu-repo/semantics/openAccess , CC BY-NC-ND 4.0
Claude Guillaumaud-Pujol, « L'enfermement punitif l’exemple des prisons nord-américaines », Trajectoires Humaines Transcontinentales, ID : 10.25965/trahs.779
Dans les années 1800, à l'époque de la révolution industrielle, sous l'impulsion de philanthropes tels que Cesare Beccaria, Jeremy Bentham ou les Quakers de Philadelphie on réfléchit à une réforme de la prison et au sens de l'enfermement ; on invente une nouvelle forme de châtiment qui ne vise plus à punir le corps du coupable par la torture, mais à obtenir la rédemption de son âme en le plaçant à l'isolement et sous contrôle. Ceci est rendu possible grâce à l'architecture novatrice du panoptique, (utilisée également dans les usines, les casernes et les hôpitaux). Enfermement, surveillance et rédemption de l'âme en sont les maître-mots. Mais au Surveiller et Punir de Michel Foucault, Deleuze va adjoindre la formule abstraite du Panoptisme qui n'est plus seulement « voir sans être vu » mais « imposer une conduite quelconque à une multiplicité humaine quelconque », enfermée dans un espace clos (Deleuze, 2004 :41). Cette étude consiste à étudier l'impact de cette doctrine sur une institution totale en pleine expansion : les prisons de femmes aux Etats-Unis. Nous analyserons les dérives d'une institution totale spécifique, dévoyée de son concept originel de « rédemption de l'âme » et de réinsertion des prisonniers, pour devenir : 'surveiller, punir et s'enrichir aux dépens d'une classe sociale, sexuellement, ethniquement et économiquement discriminée'.