12 octobre 2023
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Nicolas Siron, « Les tribunaux athéniens sont-ils un lieu de savoir ? Ombre et lumière des discours judiciaires de l’Athènes classique », HAL-SHS : histoire, ID : 10.3917/dha.hs27.0103
L’intérêt pour l’inscription spatiale et les opérations concrètes du savoir, au cœur des « lieux de savoir », offre une nouvelle approche pour penser les procès athéniens : si les tribunaux sont un lieu d’établissement du savoir, comment les informations utiles aux affaires en cours sont-elles produites aux juges ? Le rapport aux modalités pratiques du savoir apparaît paradoxal dans les discours judiciaires, pourtant sources de la pratique. Certes, les plaignants insistent sur la production des preuves comme les témoins, les décrets et les lois. Mais ils en viennent parfois à renier la pertinence des moyens de persuasion au profit d’un savoir direct des juges. De même, les informations déjà connues par le public peuvent conduire à une spatialisation de ce savoir en encourageant la discussion parmi les juges. Mais tout exercice de réflexion de ces mêmes juges peut être annihilé par les plaignants lorsqu’ils imposent une interprétation des textes législatifs. À ce titre, les orateurs apparaissent avoir une compétence légale particulière. Ils cherchent pourtant à effacer leur expérience oratoire en signalant leurs errements. La comparaison avec d’autres sources permet alors de faire émerger le dispositif de vérité à l’œuvre dans le corpus des dix orateurs attiques : celui-ci consiste à mettre en lumière une transparence du discours et donc à reléguer dans l’ombre la plupart des modalités concrètes de production du savoir, créant la fiction d’une absence de matérialité.